Principales opérations unitaires en traitement de potabilisation

2.0
Novembre 2023

Objectifs

  • Apprentissage des notions théoriques relatives aux principaux procédés séparatifs utilisés en traitement des eaux de consommation

  • Dimensionner les opérations unitaires physico-chimiques de clarification, adsorption, désinfection : volumes, débits d'eau à traiter, surface des décanteur et filtres, dosage des réactifs, asservissement

Réacteurs - Typologie et régimes d'écoulement

Classification des réacteurs en génie des procédés et utilisation en traitement des eaux

Fondamental

Le traitement des eaux est réalisé via des opérations unitaires de type physique, chimique et biologique. Ces opérations sont réalisées au sein de cuves, récipients appelés communément « réacteurs ».

La classification des réacteurs se fait selon trois principaux critères :

  • la présence d'entrées et sorties :

    • les réacteurs ouverts (ou continus) : volume et densité constants (débit d'entrée = débit de sortie) ou volume volume variable ;

    • les réacteurs fermés (ou discontinus) dit « réacteur en batch » ;

    • les réacteurs semi-continus ;

  • l'hydrodynamique du réacteur :

    • Réacteurs idéaux :

      • réacteur parfaitement agité (RPA) (en anglais : CFSTR "Continuous-flow stirred-tank reactor") ;

      • réacteur à flux piston (RP) (en anglais : PFR "Plug-flow reactor") ;

    • Les réacteurs réels dont le comportement est situé entre le RPA et le RP ;

  • les phases en présence : fluides (eau, air...) et solides (supports, microorganismes floculés...) : réacteurs monophasiques, à lit fixe (en anglais : « packed bed reactor »), à lit fluidisé (en anglais : « fluidized bed reactor »)

Réacteurs idéaux

Réacteur fermé, discontinu

Pour ce type de réacteur, les flux entrants et sortants sont nuls durant la réaction (le réacteur fonctionne selon un cycle de remplissage, réaction, vidange). Le contenu du réacteur est supposé complétement agité.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Fermé

Traitement biologique en réacteur séquentiel (Sequencing Batch Reactor)

Mélange/préparation de réactif (par ex. : lait de chaux

Réacteur continu parfaitement agité (RPA)

Au sein de ce type de réacteur, on suppose idéalement un mélange instantané et uniforme du milieu réactionnel dans l'ensemble du réacteur, à mesure que le fluide pénètre dans le système. Les particules de fluide quittent le réacteur en fonction de leur distribution statistique. Les conditions de mélange parfait sont atteintes au sein de réacteurs de forme circulaire ou rectangulaire si le contenu est distribué de manière uniforme et continue. Le temps requis pour atteindre ces conditions - appelé temps de mélange - est fonction de la géométrie du réacteur ainsi que du type et de la puissance d'agitation.

Le volume et la densité sont constants (débit d'entrée = débit de sortie). Les concentrations et température du flux de sortie sont les mêmes que celles dans le réacteur.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

RPA

Coagulation

Floculation

Désinfection

Réacteur à charbon actif en poudre (CAP)

RPA avec recyclage

Traitement biologique par boues activées (bassin dit "à mélange intégral")

Réacteur piston (RP)

Dans des conditions idéales, les particules de fluide passent à travers le réacteur avec très peu ou pas du tout de mélange longitudinal : elles quittent le réacteur dans le même ordre que celui dans lequel elles sont entrées. Le temps de séjour, dans les conditions idéales, est égal au temps de séjour théorique. Ce type d'écoulement est approché au sein de réacteurs de forme allongée (rapport longueur/largeur élevé) où la dispersion longitudinale est minimale voire absente, ou encore de réacteur tubulaires fermés (une canalisation par exemple !).

Réacteur Piston

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Piston

Lagunage naturel

Désinfection

Oxydation

Désinfection

Piston avec recyclage

Traitement biologique par boues activées

Association de réacteurs

Cascade de réacteurs

Ce type de réacteur est caractérisé par une succession de réacteurs (plusieurs réacteurs continus ou un duo réacteur continu-réacteur à écoulement piston par exemple). Le flux de sortie du premier réacteur sert de flux d'entrée au second réacteur et ainsi de suite. Cette configuration permet d'atteindre des conversions très élevés.

On peut parfois rencontrer physiquement des systèmes se rapprochant de ce type de configuration dans le cadre de certaines filières de traitement.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Réacteurs en cascade

Lagunage multiétagé (3 réacteurs en série usuellement)

Filtres plantés de roseaux à écoulement vertical

Réacteurs à boues activées "multizones", par exemple : zone de contact, zone anaérobie, zone anoxique, zone aérobie.

Tours d'ozonation

Utilisé pour simuler les écoulements non-idéaux

Complément

La cascade de réacteurs parfaitement agités est aussi utilisée pour décrire, modéliser le régime d'écoulement non-idéal se situant entre le RPA et le réacteur piston. Plus le nombre de RPA est élevé, plus le régime piston est prédominant, et inversement.

Réacteurs polyphasiques

Réacteur à lit fixe

Ce type de réacteur est rempli avec un garnissage de type minéral ou plastique (pouzzolane, céramique, charbon actif) formant une phase solide. En fonction de la direction du flux, le lit fixe peut être exploité en mode ascendant ou descendant. L'injection peut être réalisée de manière continue ou discontinue (par bâchées). Le garnissage peut être disposé de manière continue ou en plusieurs étages. Une injection de gaz (air) nécessaire à la réaction est possible : dans le cas ou les flux liquide et gazeux sont dans la même direction, on parle de réacteur à co-courant, et dans le cas inverse de réacteur à contre-courant.

En termes de modélisation hydrodynamique, ce type de réacteur s'approche souvent du comportement d'un réacteur piston non idéal.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Lit fixe

Biofiltres

Lits bactériens

Massifs filtrants plantés ou non

Désodorisation

Adsorption (Charbon Actif en Grains)

Filtration biologique (déferrisation, démanganisation

Reminéralisation sur filtres calcaires

Réacteur à lit fluidisé

Le réacteur à lit fluidisé est très similaire au lit fixé à l'exception du fait que le garnissage est mis en expansion via le mouvement ascendant du fluide (air et/ou eau) à travers le lit. La porosité du lit fluidisé peut alors être contrôlée via le débit du fluide.

Réacteur à lit fluidisé

En termes de modélisation hydrodynamique, ce type de réacteur s'approche souvent du comportement d'un réacteur piston non idéal.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Lit fluidisé

Traitement biologique aérobie ou anaérobie (effluents industriels chargés)

Phases de lavage de réacteurs à lit fixe (filtres à sable, à charbon actif en grain)

Cinétiques réactionnelles

Lors du choix et de la conception d'un procédé, la stœchiométrie et les vitesses réactionnelles constituent des paramètres fondamentaux. La stœchiométrie définira les quantités de matières constituant les réactifs et les produits de la réaction tandis que les paramètres cinétiques définiront la vitesse d'apparition ou de disparition d'un composé.

DéfinitionVitesse de réaction

Ce terme est utilisé pour décrire l'évolution (augmentation ou diminution) de la quantité de matière d'un composé par unité de volume par unité de temps. Pour les réactions hétérogènes, on peut également l'exprimer par unité de surface ou de masse par unité de temps. Ainsi, pour une réaction homogène, on définit la vitesse de réaction r par :

Équation en notation Latex : r=\frac{1}{V}\frac{d[N]}{dt}

avec :

  • r = vitesse de réaction (mol.m-3.s-1) ;

  • [N] = quantité de matière (mol) ;

  • V = volume de contrôle (m3) ;

  • t = temps (s) ;

Si l'on remplace N par son équivalent V*C (volume en m3 multiplié par concentration en mol.m-3), l'équation précédente devient :

Équation en notation Latex : r=\frac{1}{V}\frac{d(VC)}{dt}=\frac{1}{V}\frac{VdC+CdV}{dt}

Dans le cas où le volume de contrôle reste constant (condition isothermes, pas d'évaporation, réacteur fermé), cette équation se simplifie alors pour donner :

Équation en notation Latex : r=\frac{dC}{dt}

Cette expression peut être positive, indiquant une augmentation de la concentration avec le temps, alors qu'une valeur négative indique une diminution de celle-ci durant la réaction.

En traitement des eaux, les vitesses de réaction sont d'une grande importance. En effet, les réactions mises en jeu sont souvent trop lentes pour être complétées durant le temps imparti. Les procédés de traitement sont alors conçus sur la base des cinétiques réactionnelles plutôt que sur la base de leur équilibre stœchiométrique.

Expression de vitesses de réaction couramment rencontrées en traitement des eaux

La vitesse de réaction peut généralement être exprimée en fonction de la concentration d'un réactif ou d'un produit de la réaction en fonction du temps. Les résultats obtenus sont en général comparés à un certain nombre d'équations standard (modèles cinétiques). Un certains nombre de modèles de réactions courants en traitement des eaux sont reportés dans le tableau suivant :

Exemples d'expressions de la vitesse de réaction appliqués en traitement des eaux

FondamentalTemps de contact ou Temps de Séjour Hydraulique

Connaissant le temps nécessaire pour qu'un réaction aboutisse à un objectif donné (abattement), on peut donc en déduire le temps de contact nécessaire au sein du réacteur de traitement. Celui-ci est également appelé le TSH et s'exprime comme le rapport du volume du réacteur concerné par le débit à traiter :

Flux au sein des réacteurs et dimensionnement

Introduction

Une fois le temps de contact requis pour un traitement donné connu, il convient de dimensionner (calculer le volume !) du réacteur qui mettra en jeu cette réaction. Il convient de s'assurer que le temps de séjour en question soit respecté, ceci en mettant en œuvre une hydrodynamique adaptée au sein du réacteur (degré de mélange, géométrie...). Ce qui suit vous sensibilisera aux différents comportements hydrodynamiques rencontrés et vous apprendra comment procéder au dimensionnement générique de réacteurs.

Visualisation des flux au sein des réacteurs

Réacteur agité

Les vidéos suivantes présentent des expériences de traçage effectuée sur des réacteur agités (parfaitement ?) et piston (idéal ?) respectivement. On peut y visualiser le transport d'un composé dissous.

Traçage au sein d'un réacteur agité
Traçage au sein d'un réacteur piston

FondamentalA retenir :

  • La concentration de tous les composés est homogène spatialement au sein d'un RPA

  • La concentration mesurée au sein d'un RPA est égale à celle de sortie de ce réacteur

  • Les concentrations au sein d'un réacteur à flux piston ne sont pas homogènes spatialement

Bilan matière

La détermination des caractéristiques hydrodynamiques d'un réacteur ou d'une portion de réacteur (masse d'eau), ainsi que la caractérisation des conversions et réactions s'y déroulant, passent par une approche fondamentale : le bilan matière ou bilan masse.

FondamentalPrincipe

Le principe fondamental est celui de la conservation de la matière, exprimé entre autre par la célèbre formule d'Antoine Lavoisier  « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Pour établir un bilan matière sur un réacteur, il est primordial de définir :

  • Le système étudié et ses limites : il s'agit alors d'identifier l'ensemble des flux entrants et sortants,

  • Le volume de contrôle : volume au sein duquel se déroulent les conversions chimiques, physiques ou biologiques d'intérêt.

Schéma de définition pour un bilan matière sur un RPA (Q = débit d'alimentation et de soutirage, C0 = concentration du composé en entrée, C = concentration du composé en sortie)

Dans la plupart des cas, le système et le volume de contrôle coïncident. Ainsi, pour un réactif donné, le bilan matière est donné par l'expression suivante :

Équation en notation Latex : \begin{align}\text{Débit d'accumulation du réactif dans les limites du système} = \\ \text{Flux de réactif entrant} \\ - \text{ Flux de réactif sortant} \\+ \text{ Débit de conversion de réactif}\end{align}

En d'autres termes :

En fonction des caractéristiques hydrauliques et du composé considéré, certains termes de cette relation peuvent s'annuler. Par exemple :

  • En batch, les termes « Entrée » et « Sortie » sont par définition nuls,

  • Dans le cas d'un composé inerte entrant dans le réacteur (traceurs conservatifs), le terme de production est nul.

Dans l'équation, le terme puit/source est positif dans la mesure ou le signe final dépendra de celui de l'expression de la vitesse de conversion du composé considéré :

  • Production (par exemple de nitrates dans un procédé à boues activées au cours de la nitrification) = signe +

  • Dégradation (par exemple traitement de la pollution carbonée des eaux usées) = signe -

MéthodeÉtablissement d'un bilan matière en régimes transitoire et permanent

L'établissement d'un bilan matière doit toujours suivre les étapes suivantes :

  1. Préparer un diagramme simplifié du système ou procédé considéré pour le bilan en faisant figurer l'ensemble des flux entrants et sortants,

  2. Définir les limites du système et du volume de contrôle. Cette étape est cruciale dans la mesure où il est souvent possible de simplifier les calculs si le choix est réalisé judicieusement,

  3. Lister l'ensemble des données disponibles et des hypothèses de travail et les reporter sur le diagramme,

  4. Lister l'ensemble des expressions des vitesses de conversion se déroulant dans le volume de contrôle,

  5. Exprimer le bilan matière et le résoudre (solution analytique, méthodes numériques, méthodes graphiques,...).

DéfinitionRégime transitoire vs. Régime permanent

En génie chimique, le régime transitoire est défini par la présence du terme d'accumulation dans le bilan matière. Le réacteur est « instable », les concentrations des différents composants du système varient avec le temps, cela peut être le cas par exemple lors du démarrage d'une installation ou plus généralement de variations temporelles des caractéristiques de l'alimentation (débits, concentrations), des constantes réactionnelles, des conditions opératoires, etc. En résolvant un bilan matière en régime transitoire, on va chercher à caractériser la dynamique d'un système. Cela est souvent appliqué lorsque l'on utilise la modélisation dite dynamique pour prédire les concentrations de sortie en fonction de variations des conditions opératoires.

Le régime permanent est quant à lui défini par l'annulation du terme d'accumulation. C'est le cas lorsque les conditions opératoires sont constantes, que le réacteur est régime « établi », dit stationnaire. Les valeurs des variables d'état du système (concentrations,...) sont alors constantes. On cherche alors à déterminer la concentration du composé à l'état permanent, sur le long terme. C'est l'approche qui est souvent utilisée lors du dimensionnement des installations.

Flux au sein d'un réacteur Parfaitement Agité

Considérons l'injection d'un composé non réactif (on parle de traceur conservatif) sous forme d'une impulsion (« pulse ») à l'entrée d'un RPA alimenté de manière constante en eau claire. On prend pour hypothèse que le traceur se mélange instantanément donc la concentration au sein du réacteur est égale à celle de sortie. Écrivons le bilan matière correspondant :

Le traceur est conservatif, le terme puit/source est nul. On peut donc écrire :

Équation en notation Latex : V\frac{dC}{dt}=QC_{in}-QC

avec :

  • Cin = concentration du traceur injectée en entrée (mol.m-3)

  • C = concentration du traceur mesurée dans le réacteur ou en sortie (mol.m-3)

  • V = volume de contrôle (m3)

  • t = temps (s)

L'injection du traceur est sous forme d'impulsion, on peut prendre comme hypothèse durant les mesures suivant l'injection Cin≈0 mol.m-3. La réécriture du bilan donne alors :

Équation en notation Latex : \frac{dC}{dt}=-\frac{Q}{V}C

L'intégrale entre les limites de C = C0 (concentration initiale, immédiatement après l'injection = masse de traceur injectée/volume) à C = C et t de t = 0 à t = t s'écrit :

Équation en notation Latex : \int_{C_0}^C \frac{dC}{C}=-\frac{Q}{V} \int_0^t \, \mathrm dt

L'expression résultante après intégration est :

Équation en notation Latex : C=C_0e^{-\frac{Q}{V}t}

On voit apparaître les paramètres suivants :

  1. Le temps de séjour hydraulique (TSH) Équation en notation Latex : \tau=V/Q (s) ;

  2. Le temps de séjour adimensionnel Équation en notation Latex : \theta=t/\bar{t} avec Équation en notation Latex : \bar{t} = temps de séjour moyen ;

On peut donc réécrire l'équation précédente :

Équation en notation Latex : C=C_0e^{-t/\tau}=C_0e^{-\theta}

Remarque

Dans un RPA idéal, Équation en notation Latex : \bar{t}=\tau.

Complément

Lors d'une injection sous forme d'échelon, l'équation correspondante est :

Équation en notation Latex : C=C_0\left(1-e^{-t/\tau}\right)

La courbe de traçage théorique d'un RPA peut donc être représentée comme suit :

Réponse d'un réacteur parfaitement agité à une injection de traceur

Flux au sein d'un réacteur piston idéal

L'injection d'un traceur conservatif au sein d'un réacteur piston est réalisée après avoir prérempli ce dernier avec de l'eau claire. Dans le cas d'un réacteur idéal, le temps de séjour mesuré est alors égal au temps de passage (V/Q).

Si l'on réalise le bilan matière d'un traceur conservatif (injection sous forme d'échelon) sur un volume élémentaire dV défini sur la section transversale d'un réacteur piston, on obtient la relation suivante (hypothèse : la concentration C du traceur est uniforme sur la section) :

Soit :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}dV=QC|_x-QC|_{x+dx}

avec :

  • ∂C/∂t = variation de concentration du traceur (mol.m-3.s-1)

  • dV = volume élémentaire (m3)

  • t = temps (s)

  • Q = débit (m3.s-1)

  • x = abscisse quelle conque sur la longueur de réacteur L (m)

  • dx = longueur élémentaire (m)

Après un développement limité, on peut réécrire l'équation précédente comme suit :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}dV=QC-Q\left(C+\frac{\partial C}{\partial x}dx\right)

En posant A = aire de la section transversale dans la direction x (m2), on a : dV=Adx, ce qui permet d'écrire :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}=-\frac{Q}{A}\frac{\partial C}{\partial x}=-u_x\frac{\partial C}{\partial x}

avec :

  • ux = vitesse du fluide dans la direction x (m.s-1)

L'observation de cette équation de transport met en évidence que ses deux termes, hormis le signe, sont identiques : la seule solution admise implique dès lors une variation de la concentration sur la distance nulle. C'est à dire que la concentration en sortie est égale à la concentration en entrée avec seulement un « effet retard ».

Ainsi la réponse d'un réacteur piston idéal à une injection de traceur conservatif peut être représentée de la manière suivante :

Injection de traceur sous forme d'impulsion
Injection de traceur sous forme d'échelon

Exercices

Considérant une cinétique de dégradation de second ordre pour un composé A, calculer le volume (en m3) de réacteur nécessaire pour aboutir à un abattement de 90% à l'état stationnaire (régime permanent) dans le cas d'un RPA.

Données :

  • Concentration du composé A à l'entrée du réacteur C0 = 1 mol.L-1

  • Constante cinétique de second ordre k = 10 L.mol-1.min-1

  • Débit d'alimentation Q = 30 m3.h-1

Pour répondre à cette question, vous devrez établir le bilan-matière au niveau du réacteur étudié. On supposera le régime permanent (le terme d'accumulation = variation au cours du temps s'annule). Le fait d'être en RPA permet également de simplifier le problème en éliminant une inconnue.

Considérant les mêmes données que l'exercice précédent, calculer le volume (en m3) de réacteur nécessaire pour aboutir à un abattement de 90% à l'état stationnaire dans le cas d'un réacteur piston idéal.

Données :

  • Concentration du composé A à l'entrée du réacteur C0 = 1 mol.L-1

  • Constante cinétique de second ordre k = 10 L.mol-1.min-1

  • Débit d'alimentation Q = 30 m3.h-1

Pour répondre à cette question, cela est plus complexe que dans l'hypothèse d'un réacteur parfaitement agité. La non-homogénéité des concentrations au sein du réacteur implique une variation dans le temps et dans l'espace de la concentration. Le bilan-matière s'effectue alors à l'échelle d'un volume élémentaire du réacteur aboutissant à une équation de transport (équation aux dérivées partielles). On supposera le régime permanent (le terme d'accumulation = variation au cours du temps s'annule).

La vitesse ux correspond alors au ratio du débit sur la section de passage A du réacteur de longueur notée L.

Il faut rajouter à cette équation le terme cinétique et l'intégrer entre l'abscisse x = 0 et l'abscisse x = L.

Critères de choix d'un type de réacteur

Pour une conversion donnée, le choix du type de réacteur (parfaitement agité, piston, réacteurs en série...) va dépendre, entre autres, du volume nécessaire pour aboutir au degré de conversion désiré. Ainsi, en fonction de la cinétique réactionnelle considérée (premier ou second ordre, avec saturation, etc.), le volume de réacteur nécessaire pour atteindre le degré de conversion désiré varie en fonction du type de réacteur choisi.

D'autres critères peuvent entrer en ligne de compte :

  • Le réacteur fermé constitue une installation simple. Il permet d'imposer facilement des variations des conditions opératoires (température, etc.) au cours de la réaction. En revanche, les concentrations élevées rencontrées en début de réaction peuvent poser problème dans le cas de composés toxiques. En termes d'exploitation, le fonctionnement séquentiel impose des temps morts (vidange, remplissage) qui nuisent à la productivité globale.

  • Le réacteur de type parfaitement agité permet d'obtenir un rendement de conversion très stable sur une longue période de temps. Le fait de travailler à de faibles concentrations de réactifs permet une meilleure sécurité (cas de réactifs toxiques) ainsi qu'une meilleure conversion pour les ordres de réactions inférieurs à 1 ou en cas d'inhibition par le substrat. En revanche, pour les ordres de réaction supérieurs à 1 ou en cas d'inhibition par le produit, la conversion est moins bonne. Les flux d'entrée et de sortie doivent être contrôlés de manière très rigoureuse.

  • Le réacteur à flux piston offre des performances très élevées. Il permet l'obtention d'un gradient de concentration sur la longueur du réacteur qui peut être bénéfique pour le système, par exemple dans le cas du contrôle de la croissance de microorganismes filamenteux au sein du procédé à boues activées.

Dans la pratique, les coûts de construction, la place disponible ainsi que les contraintes d'exploitation et de maintenance constituent également des critères essentiels du choix du type de réacteur.

Conclusion

Les bilans que nous venons d'aborder ici sont valables pour des réacteurs idéaux. Dans le cas des réacteurs réels, la non-idéalité de l'écoulement est à prendre en compte pour une description détaillée du système et notamment une modélisation. En pratique, l'obtention de réacteurs pistons idéaux impossible : il faut prendre en compte le phénomène de dispersion et réécrire le bilan du réacteur piston avec dispersion. On peut aussi modéliser un réacteur piston avec plus ou moins de dispersion selon le modèle des réacteurs agités en cascade. Cela sort du cadre de ce module 2 mais vous pouvez aller consulter ces liens pour aller plus loin.

La plupart du temps, lors de la conception de filières de traitement des eaux, on fait l'hypothèse de réacteurs idéaux, ce qui amène à l'utilisation, selon les cas, de facteurs de sécurité. C'est bien sûr une approche empirique et les recherches et développements ne cessent de chercher à établir des modèles plus précis offrant u compromis entre aspects opérationnels et précision !

Clarification des eaux

Introduction

La présence dans l'eau de diverses substances en suspension (MES) constitue bien souvent la partie plus apparente de la pollution.

Cette partie pourra être éliminée par divers procédés :

  • action directe de la pesanteur : c'est la décantation.

  • action mécanique : c'est la filtration ou le tamisage.

La clarification est l'opération qui assure l'élimination des matières en suspension (MES), des matières colloïdales et des macromolécules susceptibles de communiquer à l'eau une turbidité et une couleur indésirables. Elle élimine en même temps la fraction des polluants (organiques, minéraux et bactériens) qui est associée à ces MES et macromolécules.

Les procédés de coagulation-floculation sont utilisés pour faciliter l'élimination des MES et des colloïdes avant une phase de séparation (décantation et/ou filtration).

Décantation

Introduction

En fonction de la concentration et du type de particules, on distingue plusieurs régimes de décantation :

  • décantation discrète, de particule isolée ;

  • décantation de zone, freinée ;

  • compression.

En traitement des eaux, ces différents régimes se retrouveront à des degrés divers en fonction des ouvrages et des applications considérés. En eau potable, nous allons essentiellement travailler dans le domaine de la décantation discrète. Les deux autres régimes seront abordés dans les cours relatifs au traitement des eaux usées.

Coagulation et floculation

Décantation

Eaux de consommation

Déstabilisation des suspensions colloïdales pour amélioration de la décantation et/ou de la filtration

Élimination des MES

Réduction de la turbidité, de la couleur

Eaux résiduaires

Parfois utilisée en traitement primaire (amélioration de la décantation primaire)

Traitement tertiaire

Décantation primaire

Décantation secondaire

Traitement tertiaire (après précipitation du phosphore)

Décantation discrète

Définition

La décantation discrète correspond à de faibles concentrations en particules. Le comportement de la suspension est alors gouverné par les propriétés individuelles de chaque particule. Il n'y a pas d'interactions entre particules.

Complément

Ce régime est observé notamment au sein des dessableurs et des décanteurs primaires utilisés en traitement des eaux usées.

La vitesse de chute de particules dans un fluide est considérée comme équivalente à celle d'une particule isolée tant que la distance moyenne entre particules est supérieure à 10 fois leur diamètre (concentration en MES inférieure à 1 g/L en général) et ne dépend que des propriétés du fluide et des caractéristiques des particules.

Le déplacement d'une particule est décrite par la force appliquée F proportionnelle à la masse m et à son accélération Équation en notation Latex : \gamma égale à la résultante de son poids F1 diminuée de la poussée d'Archimède F2 et de la force de frottement F3 (principe fondamental de la dynamique) :

Équation en notation Latex : F=m\gamma=F1-F2-F3

Avec

  1. Poids F1 : Équation en notation Latex : F1=\rho_s.V.g :

    • ρs : masse volumique du solide

    • V : volume de la particule

    • g : accélération pesanteur (9,81 m/s2)

  2. Poussée d'Archimède F2 : Archimède : Équation en notation Latex : F1=\rho_l.V.g

    • ρl : masse volumique du liquide

  3. Force de résistance opposée par le fluide, fonction de la taille, de la forme, de la rugosité de la particule et de la viscosité du liquide : Équation en notation Latex : F3=\frac{1}{2}C_F.A.\rho_l.v_p^2 :

    • A : surface de projection des particules sur un plan perpendiculaire au déplacement

    • CF : coefficient de frottement (trainée) dépendant du régime hydrodynamique

    • vP la vitesse de la particule.

Soit pour une particule sphérique, la force P due au champ d'accélération :

Équation en notation Latex : P=\frac{\pi.d^3}{6}(\rho_S-\rho_l)g

L'expression de F devient alors :

Équation en notation Latex : F=m\gamma=m\frac{dv}{dt}=\frac{\pi.d^3}{6}(\rho_S-\rho_l)g-C_F.\frac{\pi.d^2}{8}.\rho_l.v_p^2

A vitesse constante, la résultante s'annule et l'expression devient :

Équation en notation Latex : v_p=\sqrt{\frac{4.g.(\rho_S-\rho_l).d}{3.C_F.\rho_l}}

Le coefficient de trainé CF est fonction du régime hydrodynamique, caractérisé par le nombre de REYNOLDS Re de la particule dans le milieu fluide considéré :

avec :

  • µ : viscosité dynamique du fluide (Pa.s)

  • Équation en notation Latex : \nu : viscosité cinématique du fluide.

• Si Re <10-4 : domaine dans lequel le mouvement des particules est influencé par le mouvement brownien; la loi de vitesse n'est pas applicable ;

• Si 10-4 <Re<1 : domaine du régime laminaire, CF = 24/Re. La vitesse limite de chute vp est donnée par la formule de STOCKES:

  • Si 1<Re<103, le régime est de transition, CF est complexe et varie de façon continue. Le diamètre des particules est en général compris entre 10-4 m et 10-3 m. La valeur du coefficient de frottement est donnée par la formule de ALLEN :

  • Si 103<Re<2.105, le régime est turbulent, CF est indépendant du nombre de Reynolds et est égal à 0,4 d'où la loi de NEWTON :

La vitesse de chute est proportionnelle à la racine carrée du diamètre. Les particules ont en général un diamètre > 1mm

  • Si Re >2x105 : la loi de vitesse n'est plus applicable ;

Influence de la floculation

Des particules plus ou moins floculées ont des tailles et des vitesses de décantation variables du fait des variations des propriétés des particules suite à l'ajout de coagulant et floculant ainsi que de l'hydrodynamique (cisaillement, gradient de vitesse). Dans ce type de suspensions généralement faiblement concentrées dont les particules ont tendance à s'agglomérer et à floculer ensemble, la vitesse de chute aura tendance à augmenter avec le temps. La floculation peut être initiée via l'ajout de réactifs ou via les propriétés intrinsèques des particules (cas de la biofloculation notamment).

Complément

En traitement des eaux, ce régime se rencontre couramment après une étape de coagulation-floculation : clarification d'eaux de surface (potabilisation), traitement tertiaire d'eaux usées, traitement physico-chimique d'eaux pluviales ou industrielles...

Les flocons formés lors de la floculation se comportent, comme des particules de dimension supérieure à celle des particules individuelles et de masse volumique intermédiaire entre celle du solide et celle du liquide.

La densité des particules est comprise entre 1 et 2.

La sédimentation est perturbée par l'agglomération de particules d'où un accroissement de la taille des particules et la modification de leur densité (eau interstitielle). Plus la trajectoire des particules est grande, plus la probabilité de rencontre est grande.

La décantation d'une solution diluée de particules floculantes est fonction des caractéristiques de décantation, et de leurs caractéristiques de floculation. L'agglomération des particules favorise la décantation, même si la densité des particules résultantes est inférieure à celle des particules initiales, puisque la vitesse de décantation est fonction du diamètre (la vitesse est proportionnelle au carrée du diamètre), de la densité des particules, ainsi que de la viscosité dynamique de l'eau.

Fondamental

L'agglomération de particules est d'autant plus grande que :

  • la concentration de la suspension est élevée ;

  • les particules ont des tailles et des masses différentes ;

  • la viscosité du liquide de suspension est basse.

Le taux de floculation des particules est fonction :

  • de la distance que les particules parcourent

  • de la charge superficielle

  • des gradients de vitesse dans le bassin

  • de la concentration des particules

  • du diamètre des particules.

On ne dispose pas d'expressions mathématiques permettant de quantifier l'influence de la floculation sur la décantation, car la vitesse de chute des particules floculantes varie le long de leur trajet. La trajectoire de chute sera curviligne. Actuellement, seule l'étude expérimentale permet de calculer l'ouvrage devant traiter ces suspensions. Cependant on peut définir empiriquement la vitesse de chute d'une particule par :

Équation en notation Latex : v_s=p.t^{\eta}

avec p : le pourcentage d'élimination et Équation en notation Latex : \eta: coefficient rendant compte du caractère floculant de la suspension.

On établit alors des courbes d'isoconcentrations, servant de base au calcul du bassin à l'aide de colonne de la même hauteur qu'un décanteur classique (entre 1,8 et 2,4m), de diamètre suffisant pour éviter les effets de parois (20-30 cm) et permettant des prélèvements fonction de la hauteur (0,6, 1,2, 1,6) et du temps.

Courbes d'isoconcentration lors de la décantation diffuse

Principe de dimensionnement d'un décanteur

Supposons un décanteur rectangulaire idéal. Le débit est distribué uniformément en entrée et en sortie sur toute la section.

Décanteur idéal

On suppose :

  • Zone entrée : débit distribué uniformément, zone agitée

  • Zone décantation : zone calme, écoulement laminaire

  • Zone de sortie : évacuation de l'eau décantée

  • Zone boues : accumulation des solides

La particule qui entre dans l'ouvrage est soumise à un champ de vitesse dont les composantes sont :

  • vP : vitesse verticale de chute (Stokes) ;

  • vT : vitesse traversière liée à la vitesse du fluide (advection).

On a alors :

Équation en notation Latex : v_T=\frac{Q}{S_V}=\frac{Q}{H.l}

avec :

  • Q = débit (m3/s)

  • H = hauteur de l'ouvrage (m)

  • l : largeur de l'ouvrage (m)

  • SV = section de passage de l'écoulement (m2)

Pour qu'une particule soit retenue, la condition suivante doit être respectée :

Équation en notation Latex : v_P>\frac{Q.h}{L.l.H}=\frac{Q}{S_H}.\frac{h}{H}

avec :

  • L : longueur du décanteur (m)

  • h = hauteur d'introduction de la particule (m)

  • SH = surface horizontale (m2)

Définition

On définit la vitesse de Hazen comme le ratio du débit d'eau à traiter sur la surface horizontal de décantation :

Équation en notation Latex : v_H=\frac{Q}{S_H}

FondamentalCondition de rétention des particules

La vitesse de Hazen (et donc la surface horizontale de décantation), constitue le principal critère de dimensionnement d'un ouvrage de décantation.

Elle est indépendante de la profondeur dont le choix influera surtout sur la possibilité de stocker des boues au fond de l'ouvrage ainsi que sur le maintien de conditions hydrodynamiques favorables à l'absence de départ de boues.

Les particules dont la vitesse de chute est supérieure à la vitesse de Hazen (vP > vH) seront éliminées à 100% quelque soit leur hauteur d'introduction.

Les particules dont la vitesse de chute est inférieure à la vitesse de Hazen (vP < vH) seront éliminées selon le rapport vP/vH.

Attention

Bien qu'ayant la même unité, la vitesse de Hazen ne doit pas être confondue avec la vitesse ascensionnelle ou charge hydraulique superficielle.

La vitesse de Hazen se calcule en prenant en compte l'ensemble de la surface projetée horizontale disponible de l'ouvrage (incluant les lamelles présentes dans un décanteur lamellaire).

La vitesse ascensionnelle se calcule en prenant en compte uniquement la surface au miroir (≈ encombrement au sol).

Dans le cas d'un décanteur classique, les deux vitesses ont la même valeur.

Dans le cas d'un décanteur lamellaire, la vitesse ascensionnelle sera plus élevée que la vitesse de Hazen.

Exercice : Vitesse de Hazen vs vitesse ascensionnelle

La démonstration précédente fait apparaître la surface du décanteur comme principal critère de dimensionnement.

Connaissant le débit de votre eau à traiter (120 L/h) et la surface au miroir du décanteur pilote (0,1 m2), calculez la vitesse au miroir (ou vitesse ascensionnelle ou encore charge hydraulique superficielle) appliquée à votre décanteur.

L'ordre de grandeur obtenu est-il satisfaisant ?

Quel rôle des lamelles selon vous ?

Décantation lamellaire

DéfinitionPrincipe de fonctionnement

Il s'agit d'ouvrages de décantation dans lesquels des lamelles parallèles inclinées permettent de multiplier la surface utile de décantation tout en réduisant la surface au sol par rapport à un ouvrage de décantation classique à flux horizontal. L'ajout de modules lamellaires peut être réalisé en réhabilitation d'un ouvrage existant ou lors de la conception d'un ouvrage neuf. Les décanteurs utilisant des plaques ou des tubes assemblés sous forme d'une structure type "nid d'abeilles" permettent ainsi d'améliorer considérablement l'efficacité de décantation par rapport à un décanteur classique.

Schéma de principe

La décantation lamellaire est fondée sur le principe de la décantation à flux horizontal. Ainsi, on constate que la décantation d'une particule est liée uniquement au débit Q et à la surface horizontale S, et qu'elle est théoriquement indépendante de la hauteur H de décantation. Si on répartit le débit Q sur n lamelles parallèles de surface unitaire Équation en notation Latex : S_L=S/n , on obtient une décantation théoriquement identique à celle obtenue dans le bassin de la figure ci-dessous.

Afin de pouvoir extraire en continu les solides décantés, et pour des raisons pratiques de fonctionnement et d'exploitation, les lamelles sont inclinées d'un angle α , souvent de 60° par rapport à l'horizontale (entre 30 et 60° cas général selon le type de décanteur). Une telle disposition permet pour un rendement identique d'obtenir des ouvrages plus compacts qu'un bassin classique.

On peut alors déterminer la vitesse limite de décantation VH d'une particule : Équation en notation Latex : V_H = \frac{Q}{n.S_L.cos \alpha}

Illustration principe décantation lamellaire

ExempleDifférents types de décanteurs lamellaires

On pourra distinguer notamment :

  • fonctionnement à contre courant

  • fonctionnement à courant parallèle

  • fonctionnement à courant croisé

Schéma de principe : décantation lamellaire

Exercice

Votre décanteur comprend 7 lamelles inclinées.

Calculez la surface totale de décantation disponible incluant les lamelles et la surface au miroir.

En déduire la vitesse de Hazen appliquée à votre décanteur. Quelle est sa proportion par rapport à la vitesse ascensionnelle ?

Quel est alors l'intérêt d'un décanteur lamellaire ?

Coagulation et floculation

Pourquoi utiliser un coagulant ?

Les méthodes de séparation par décantation, flottation ou filtration concernent plus particulièrement la partie solide de la phase en suspension, à condition que ses éléments constitutifs soient d'une taille assez grande.

Pour ce qui est des particules très fines ou des matières colloïdales, les méthodes physiques ou mécaniques de séparation sont très rapidement inefficaces (voir tableau ci-dessous).

Il faut alors faire appel à des agents chimiques, les coagulants, qui provoquent la coalescence des très fines particules en suspension et l'amorce de la formation d'un floc d'une taille suffisante pour que son élimination par décantation ou filtration soit aisée.

Diamètre de la particule (mm)

Matière en Suspension

Temps de décantation pour 1 m (ordre de grandeur)

10

Gravier

1 seconde

1

Sable

10 secondes

0,1

Sable fin

2 minutes

0,01

Argile

2 heures

0,001

Bactérie

8 jours

0,0001

Particule colloïdale

2 ans

0,00001

Particule colloïdale

20 ans

Mécanismes de la coagulation-floculation

Déstabilisation d'une suspension colloïdale

Pour permettre la séparation d'une suspension colloïdale dans des conditions de vitesse satisfaisantes, il est nécessaire de rassembler les colloïdes pour constituer des particules nettement plus importantes.

Il faut donc transformer la suspension par des moyens artificiels. Cette transformation est la résultante de deux actions différentes :

  • une déstabilisation s'effectuant le plus souvent par addition de réactifs chimiques qui, par des mécanismes d'agrégation ou d'adsorption, annulent les forces répulsives ou agissent sur l'hydrophilie des particules colloïdales ;

  • une agglomération des colloïdes "déchargés" : elle résulte de diverses forces d'attraction entre particules mises en contact, d'abord par mouvement brownien jusqu'à l'obtention d'une grosseur de 0,1 micron environ, puis par agitation mécanique extérieure amenant les flocons à une taille suffisante.

Il est d'usage chez les traiteurs d'eau de réserver le terme "coagulation" au phénomène de déstabilisation et celui de "floculation" à l'agglomération des colloïdes déchargés. Les réactifs correspondants sont appelés respectivement coagulants et floculants.

Coagulation

Produits utilisés

L'action coagulante d'un élément chimique est fonction de la valence de l'ion qui porte une charge opposée à celle des particules en suspension. La coagulation est d'autant plus efficace que la valence de l'ion considéré est plus élevée.

C'est ainsi que les sels de fer et d'aluminium trivalents sont très employés. Cependant, par suite de l'hydrolyse qu'ils produisent, ils modifient les caractéristiques physico-chimiques de l'eau traitée (pH, conductivité).

Ce sont principalement le sulfate d'aluminium, Al2(SO4)3, et le chlorure ferrique (FeCl3). Sont aussi utilisés le sulfate ferreux et le sulfate ferrique, ainsi que des polymères d'aluminium (n'affectant que peu le pH de l'eau traitée).

L'action coagulante de ces sels résulte de l'hydrolyse qui suit leur dissolution, laquelle ne conduit pas immédiatement à la formation de l'hydroxyde correspondant (exemple : Fe(OH)3, Al(OH)3). Les composés intermédiaires (par exemple, les complexes hydroxo-alumineux pour l'aluminium) apportent les charges nécessaires à la neutralisation des colloïdes et seraient susceptibles, selon certains auteurs, de se polymériser et de créer ainsi des ponts entre les colloïdes, amorçant le processus de floculation.

Le pH joue un rôle très important dans l'étude des phénomènes de coagulation-floculation et en général il est préférable de se trouver à un pH situé dans la zone correspondant au minimum de solubilité des ions métalliques du coagulant utilisé.

Pour les sels d'aluminium, c'est à un pH compris entre 6 et 7,4 que le minimum d'ions Al3+ reste en solution : en-dehors de cette zone, et suivant la minéralisation de l'eau, on risque de retrouver une proportion plus ou moins forte d'aluminium en solution.

Dans certains cas exceptionnels, l'eau à traiter contient une grande quantité de matières riches en composés aluminiques ; un simple accroissement du pH provoque la coagulation de ces composés.

La zone de pH est beaucoup plus étendue pour les sels de fer ; le minimum de solubilité est atteint dès que le pH est supérieur à 5.

Le pH sera ajusté à l'aide de chaux, de soude ou de carbonate de sodium.

Processus_CoagFloc

FondamentalRéaction mise en œuvre

L'ajout du coagulant occasionne la formation d'hydroxydes métalliques qui vont rapidement précipiter avec la consommation d'alcalinité en parallèle (diminution du TAC et du pH). Par exemple, avec le chlorure ferrique, la réaction s'écrit :

Équation en notation Latex : Fe^{3+} + 6H_2O \rightarrow Fe(OH)_{3(s)} + 3 H_3O^+

La réaction précédente libère donc de l'acidité qui pourra être neutralisée par l'alcalinité présente dans l'eau à traiter. Ainsi, 1 degré français de chlorure ferrique consomme 1 degré français de TAC ! Si cette neutralisation "naturelle" est insuffisante pour arriver à un pH optimal , il sera nécessaire d'ajouter selon les cas soit une base forte (chaux ou soude) ou un acide (acide sulfurique ou CO2).

Les mécanismes de coagulation des colloïdes seront alors de deux ordres selon le pH :

  • pH proche de la neutralité : piégeage dans le précipité (le potentiel zeta reste négatif) ;

  • pH légèrement acide (5 à 6) : neutralisation de la charge primaire des colloïdes (potentiel zeta nul dans les conditions optimales).

Floculation

La floculation est l'opération permettant l'agglomération des particules déstabilisées par coagulation (Legube, 2015). La vitesse d'agglomération des particules sous agitation lente dépend principalement :

  • de l'efficacité de la coagulation précédente ;

  • de la concentration en particules ;

  • du gradient de vitesse (G) du mélangeur.

De plus en plus souvent, des polymères sont ajoutés au niveau de l'étape de floculation. On appelle ces réactifs des "floculants" bien qu'ils essentiellement une action de coagulation. Les mécanismes induits sont la neutralisation de la charge primaire et/ou l'adsorption suivie d'une floculation par pontage inter-particulaire des particules coagulées.

Parmi les floculants employés en complément des coagulants, on distingue :

  • les floculants d'origine minérale naturelle (silice activée)

  • les floculants d'origine organique naturelle (amidon, alginates)

  • les floculants de synthèse (polymères de masse molaire élevée, appelés polyélectrolytes).

Les floculants

La silice activée

Elle est constituée d'une solution d'acide polysilicique, (H2,SiO3)4, provenant de la polymérisation contrôlée de l'acide silicique. Elle est peu stable mais reste très employée dans la production d'eau potable.

Les polymères organiques

Ce sont des macromolécules à longue chaîne, d'origine naturelle (amidon, alginates) ou obtenus par association de monomères synthétiques, certains possédant des charges électriques ou des groupements ionisables.

Les polymères naturels ont une efficacité relativement faible, à l'encontre des polymères synthétiques qui ont des performances remarquables.

Selon le caractère ionique de leur groupement actif, les polymères synthétiques, aussi appelés polyélectrolytes, sont classés en :

  • polyélectrolytes non ioniques : principalement des polyacrylamides de masse molaire comprise entre 1 et 30 millions de grammes ;

  • polyélectrolytes anioniques : de masse molaire de quelques millions de grammes, ils sont caractérisés par la coexistence de groupements permettant l'adsorption et de groupements ionisés négativement (groupements carboxyliques ou sulfuriques), dont le rôle est de provoquer l'extension du polymère. Le plus connu est un polyacrylamide partiellement hydrolysé par la soude ;

  • polyélectrolytes cationiques : ils portent sur leurs chaînes une charge électrique positive, due à la présence de groupements amine, imine ou ammonium IV. Certains d'entre eux, de masse molaire relativement faible, et très chargés en charges positives, sont susceptibles de neutraliser les charges négatives des colloïdes et d'annuler leur potentiel Zêta, agissant ainsi comme un coagulant.

L'emploi de floculant permet, le plus souvent, d'une part de limiter l'emploi de coagulant, d'autre part de parfaire le traitement de coagulation-floculation.

Stabilité des suspensions colloïdales

Les suspensions colloïdales sont composées de micro-particules englobant un important volume d'eau liée et caractérisées par une masse volumique réduite.

Leur très grande stabilité dans l'eau est le résultat d'une solvatation ou d'une action protectrice due à certains corps adsorbés, ainsi que de la présence à leur surface d'une charge électrique qui a une action répulsive prépondérante par création de forces répulsives interparticulaires (ces charges sont toujours négatives pour les eaux naturelles, en majorité négatives pour les eaux usées).

Cette charge superficielle des particules colloïdales, qui peut être mise en évidence au microscope par déplacement sous l'action d'un champ électrique, est caractérisée par un potentiel, appelé potentiel Zêta (pZ), qui représente la différence de potentiel entre la surface des microparticules et la masse du liquide solvant.

On modélise les charges de surface de ces micro-particules selon le modèle de la double-couche de Stern. Les charges négatives de surface attirent des "contre-ions" positifs de manière plus ou moins importante en fonction de l'éloignement de la particule. On a ainsi une répartition en deux couches :

  • 1 couche liée (dite de Stern ou de Helmholtz) : fixe

  • 1 couche diffuse (dite de Gouy-Chapman) : déformable et mobile

Ces charges occasionnent une différence de potentiel :

  • Potentiel thermodynamique total entre la surface de la particule et le milieu ambiant : Nernst

  • Potentiel « pratique » mesurable à la surface de la couche liée : potentiel Zeta ζ (pZ)

Le potentiel Zeta est fonction du potentiel de Nernst et de l'épaisseur de la double-couche.

Illustration potentiel zêta

Mise en œuvre de la coagulation-floculation

La coagulation et la floculation sont mises en œuvre séparément et de manière consécutive, que ce soit au laboratoire ou au sein des filières. La coagulation consiste donc à introduire les réactifs dans l'eau à traiter, sous agitation rapide pour commencer à formes les flocs.La floculation subséquente a alors pour but de faire grossir ces flocs initiaux, avec une vitesse d'agitation plus lente.

Pour la mise en œuvre des étapes de coagulation et floculation il faut ainsi mettre en place deux réacteurs agités, caractérisés par des temps de séjours et des énergies de brassage mise en œuvre différentes. En effet la coagulation nécessite une homogénéisation rapide et une bonne mise en contact de l'eau à traiter et des réactifs. Le temps de séjours peut alors être assez court, avec une énergie de brassage importante. A l'inverse la formation des flocs nécessite un brassage pas trop énergique de manière à ne pas casser le floc, et un temps de formation des flocs plus important.

Les paramètres de conception des réacteurs utilisés sont présentés ci-après :

Coagulation

  • Temps de coagulation très court (de l'ordre de la seconde) : le temps de séjour hydraulique appliqué est de l'ordre de 20 à 180 secondes.

  • Utilisation optimale du coagulant : neutralisation des colloïdes totale et homogène avant la précipitation (hydroxydes)

  • Nécessité de diffusion quasi-instantanée du coagulant dans l'eau brute

  • Dans un mélangeur : Conditions d'un RPA !

  • Temps de séjour hydraulique : quelques minutes

  • Injection du coagulant et des réactifs d'ajustement du pH par pompes doseuses

  • Gradient de vitesse : 500 à 1000 s-1

Réacteur de coagulation floculation

Floculation

Gradient de vitesse

Définition

Le gradient de vitesse est un paramètre hydrodynamique déterminant pour l’efficacité des opérations de coagulation et floculation. II est défini comme la fifférence de vitesse entre deux veines fluides adjacentes dans un plan orthogonal à leur déplacement

Il a été défini primitivement en régime laminaire puis généralisé. Pour un réacteur mélangé, son expression est la suivante :

Équation en notation Latex : G=\sqrt{\frac{W}{\mu}}

Équation en notation Latex : W=\frac{P_d}{V}

Équation en notation Latex : P_d=0,5.C_D.A.\rho.n^3

avec :

  • W : énergie moyenne dissipée par unité de volume (kg/m/s3)

  • Mu = viscosité dynamique (kg/m/s)

  • G : gradient de vitesse (s-1)

  • Pd : puissance dissipée (kg.m2/s3)

  • V = volume du réacteur (m3)

  • CD : coefficient de traînée (dépend de la forme de la pâle par exemple 1,8 pour des pâles plates)

  • A : surface pâle (m2)

  • ρ : masse volumique (kg/m3) : attention : 1 peu plus de 1 (1,011) pour eau floculée

  • n : vitesse relative de la pâle par rapport au liquide (m/s)

Protocoles jar-test et mise en route du pilote

Introduction

Ce protocole est celui que vous auriez du suivre en TP. Bien évidemment, vous ne pourrez pas effectuer les manipulations proposées. Cependant, je vous donne ici un jeu de données tel que vous auriez pu l'obtenir en séance. Les données brutes pour votre interprétation sont sur ce fichier :

Fichier à télécharger

Choix des réactifs, de leur dose et du pH optimal : expérience du jar-test

Une fois le choix du coagulant réalisé suite à des essais et connaissant les caractéristiques des eaux à traiter (minéralisation, concentration en matière organique naturelle dissoute), il est nécessaire de choisir la dose à injecter ainsi que le pH optimal de coagulation. Cependant, les mécanismes en œuvre sont d'un complexité telle que les notions théoriques de la coagulation-floculation seules ne permettent pas de préciser les conditions optimales de traitement à appliquer pour une eau donnée. L'expérience dite du jar-test est alors nécessaire. Ce type d'expérience est fréquemment réalisée en usine d'eau potable.

Cette étude comporte 4 phases successives :

  1. caractérisation de l'eau brute : nous nous limiterons ici à la turbidité et au pH

  2. recherche du pH optimal de coagulation-floculation, à une concentration fixe de coagulant, par ajout d'eau de chaux à 4 g/L de Ca(OH)2.

  3. recherche préliminaire de la concentration de traitement en coagulant FeCl3.

  4. caractérisation de l'eau traitée après choix du pH optimal.

L'ajout de coagulant (FeCl3,6 H2O ), provoquant la formation d'acide, FeCl3 + 3 H2O => Fe(OH)3 + 3 HCl, il est nécessaire de rétablir un pH convenable par adjonction d'une base, ici de l'eau de chaux à 4 g/l Ca(OH)2.

Habituellement, les teneurs des solutions de chlorure ferrique utilisées se situent entre 5 et 150 mg/l en FeCl3. Les teneurs des solutions de chaux sont comprises entre 10 et 200 mg/l en Ca(OH)2 (il s'agit des concentrations de travail ou de traitement).

Essai en jar-test

MéthodeChoix de la dose optimale : manipulation à effectuer

  1. déterminer sur l'eau brute non filtrée, le pH sous agitation lente, la turbidité ;

  2. remplir chacun des 6 béchers du floculateur de 500 ml d'eau brute, prélevés à l'éprouvette graduée.

  3. ajouter dans les béchers les doses de réactifs suivantes (exprimées en mL du réactif considéré pour 500 mL d'eau brute à traiter) :

Bécher n°

1

2

3

4

5

6

Ca(OH)2 à 4 g/L

0

2,6

5,2

7,8

10,4

13

FeCl3.6H2O à 5 g/L

0

5

10

15

20

25

  1. mise en route du floculateur (vitesse lente puis rapide 150 t/mn).

  2. on maintient 150 t/mn durant 4 mn puis passage à une vitesse lente de 40 t/min durant 15 min (observation de l'aspect du floc : grosseur et quantité).

  3. arrêt de l'agitation

  4. noter le temps de décantation en minutes pour chaque bécher, en considérant les flocs de vitesse moyenne ou estimer l'aptitude à la décantation du floc (vitesse). Laisser décanter 15 min maximum (fin de l'observation).

  5. après la décantation (15 min maximum), transvaser environ 100 ml de surnageant, en évitant de remettre en suspension le décantat, puis mesurer la turbidité.

Critères de choix de la concentration en coagulant FeCl3 :

  • la coagulation : les flocs doivent être suffisamment gros, denses et nombreux pour décanter rapidement (au delà de 10 mn, la décantation est trop lente).

  • On recherchera une couleur et une turbidité minimales ainsi qu'un floc présentant une bonne aptitude à la décantation.

  • l'aspect du surnageant : de préférence limpide, incolore et sans trop d'éléments flottants.

Mesurer le pH sous agitation pour les différents béchers.

Représentation Jar Test

Remarque

Ici, vous n'avez pas fait varier le pH. On devrait en théorie réaliser un autre test avec une dose de FeCL3 fixe et un pH variable pour déterminer le pH optimal. L'idéal est de réaliser au minimum le test avec 6 doses vs 6 pH soit 6 expériences pour un banc de jar-test comprenant 6 postes.

Pour la suite du TP, on supposera le pH optimal égal à 5,8.

MéthodeDétermination des doses optimales de réactifs

  • Relations issues de modèles difficilement exploitables

  • Utilisation de tests au laboratoire => jar-tests

    • Détermination du réactif optimal

    • Détermination de la dose optimale

    • Détermination du pH optimal

Essai en jar-test

On mesure habituellement :

  • Observation visuelle

  • Turbidité surnageant

  • COD

  • Absorbance

  • Potentiel zeta

  • DCO

  • Caractéristiques des boues (pourcentage formé, vitesse de sédimentation)

Ici, vous mesurerez uniquement la turbidité, le pH et réaliserez une observation visuelle.

TP 3 (b) : transposition des résultats de jar-test sur le pilote de traitement

Objectifs

L'objectif de cette activité est la transposition des résultats des essais réalisés en batch (jar-test) au laboratoire à l'échelle d'un pilote de traitement fonctionnant en continu. A l'issue de cette activité, vous serez en mesure de :

  • Dimensionner les réacteurs de coagulation et floculation : ici, pour un volume donné, il s'agira de calculer le débit d'eau brute pouvant être traité sur l'installation ;

  • Calculer les débits d'injection des réactifs en fonction du taux de traitement souhaité et des caractéristiques des solutions commerciales utilisées.

Vous mettrez alors en route l'installation !

Introduction

Le pilote comprend :

  • un réacteur de coagulation de 5 litres ;

  • un réacteur de floculation de 40 litres ;

  • un décanteur lamellaire de 100 litres comprenant 7 lamelles.

Exercice : Dimensionnement des réacteurs et de l'injection des réactifs

Nous considérerons des temps de séjour hydrauliques de 2 min et 16 min respectivement pour la coagulation et la floculation.

Dans ces conditions, quel débit peut être traité sur notre installation pilote ?

Vous connaissez la dose de chlorure ferrique à injecter exprimée en mg FeCl3 pur / L d'eau traitée (voir manipulation précédente).

Vu que la solution commerciale disponible dans le bidon alimentant le pilote est à 3 g/L de FeCl3.6H2O alors que celle utilisée pour le jar-test était de 5 g/L, déterminez le débit de ce réactif à injecter pour respecter la dose prescrite.

Mettre en route la pompe d'alimentation et la pompe doseuse du réactif au débit choisi. Mettre en route la régulation de pH. Observer les phénomènes.

Conclusion

Bravo ! Vous avez réalisé votre première mise en route d'installation de traitement ! Nous allons maintenant nous intéresser au fonctionnement et au dimensionnement du décanteur.

Filtration

Introduction

La filtration est un procédé physique destiné à clarifier un liquide qui contient des matières solides en suspension en le faisant passer à travers un milieu poreux. Les solides en suspension ainsi retenus par le milieu poreux s'y accumulent en surface et dans la masse filtrante.

Il faut donc nettoyer ce milieu de façon régulière. Un filtre aura donc des cycles de filtration d'autant plus longs que les traitements préalables auront été efficaces.

Les applications de la filtration sont très diverses, tant en traitement des eaux usées, qu'en traitement des eaux destinées à la consommation humaine :

Eau potable

Eau usée

Traitement des boues

Clarification après coagulation/floculation/décantation

Filtration membranaire en remplacement d'un décanteur

Filtres-presses

Déferrisation/démanganisation

Traitements biologiques sur support (culture fixée)

Filtres à bande

Nitrification/dénitrification

Traitement tertiaire

Tambours rotatifs

Adsorption

Filtres pour reminéralisation/neutralisation d'eaux agressives (calcaire...)

Filtration membranaire

Dans le cadre de cet enseignement, nous aborderons essentiellement la filtration dans la masse (milieu poreux formé de sable) d'une eau chargée en particules dans l'objectif de réduire sa turbidité et sa teneur en MES (application pour le traitement d'eau potable).

Généralités

Définition

La filtration est une opération unitaire qui consiste à séparer une phase continue d'une phase dispersée en retenant la phase dispersée par un support ou une masse poreuse.

Les différents procédés de filtration se distinguent suivant qu'il s'agisse :

  • d'une filtration dans la masse ou d'une filtration sur support

  • d'une filtration continue ou d'une filtration discontinue

  • d'une filtration à débit constant ou d'une filtration à pression

  • constante

  • d'une filtration frontale ou d'une filtration tangentielle

FondamentalFiltration dans la masse ou sur support

Filtration dans la masse :

La suspension s'écoule au travers d'une masse poreuse qui se colmate en donnant un filtrat appauvri en phase dispersée. Au fur et à mesure de la filtration, on retient des particules dans le milieu poreux et la porosité diminue.

Filtration sur support :

Les particules vont se déposer sur le support et former un gâteau d'épaisseur croissante.

FondamentalFiltration continue ou discontinue

Filtration continue : un support de gâteau (ou masse filtrante) se déplace lentement devant la suspension. Lorsque le gâteau est suffisamment épais (ou que le colmatage de la masse est assez important), on procède à l'enlèvement du gâteau (ou au décolmatage de la masse ou même à son remplacement si ce décolmatage est impossible ou non rentable) avec, le cas échéant, des étapes intermédiaires de lavage et essorage du gâteau.

Ex.: Filtres rotatifs à tambour

Filtration discontinue : on amène la suspension dans une capacité munie d'un support de gâteau (ou d'une masse poreuse). On arrête l'opération lorsque la capacité est remplie (ou lorsque le colmatage de la masse atteint le maximum tolérable). Il faut démonter le filtre, extraire le gâteau (ou décolmater, ou remplacer la masse filtrante) et remonter l'ensemble pour recommencer un nouveau cycle.

Ex.: Filtres presses

Les filtres discontinus sont parfois équipés de systèmes plus ou moins automatiques destinés à supprimer ou réduire l'intervention humaine en fin de cycle.

FondamentalFiltration à débit et pression constants ou variables

Filtration à débit constant : le débit de filtration est maintenu constant tout au long de la filtration. La perte de charge au travers du milieu augmente au cours de la filtration traduisant le colmatage progressif du milieu.

Filtration à pression constante : la perte de charge (ou la différence de pression) appliquée au système est maintenue constante tout au long de la filtration. Le débit diminue au cours du temps traduisant le

colmatage progressif du milieu.

FondamentalFiltration frontale ou tangentielle

Filtration frontale

L'écoulement du fluide est perpendiculaire à la section d'ouverture du milieu. La résistance à l'écoulement augmente tout au long de la filtration.

Filtration tangentielle

Lors d'une filtration sur support, l'écoulement du fluide peut être tangentiel au support. Les particules sont alors soumises aux forces de pression mais également aux forces de cisaillement qui limitent l'épaisseur du gâteau. On peut ainsi travailler, en théorie, à pression et débit constant.

Filtration dans la masse

Introduction

Une vidéo présentant le fonctionnement d'un filtre à sable est disponible ici :

Fonctionnement d'un filtre à sable

Types de filtres

Les filtres utilisés, notamment en traitement d'eau potable (clarification) peuvent être classifiés selon différents critères :

DéfinitionMode d'alimentation

Filtres ouverts : la circulation de l'eau s'effectue gravitairement

Filtre ouvert
Filtre fermé sous pression

Filtres fermés : la circulation de l'eau se fait sous pression (ligne de charge maintenue). Ils sont réalisés dans des cuves métalliques, ce qui limite leur diamètre et donc leur utilisation à de relativement petits débits. Par ailleurs, ils sont plus onéreux que les filtres ouverts et ne sont utilisés que lorsque les conditions locales en rendent l'emploi particulièrement intéressant, notamment lorsqu'il s'agit de clarifier une eau peu chargée à l'aval d'une station de pompage.

Selon le matériau de filtration

On distingue principalement les applications suivantes :

Filtre à sable

Élimination de la turbidité, des MES, déferrisation, démanganisation

Filtre bi-couche

Adapté à des eaux chargées et colmatantes

Filtres à calcaire

Neutralisation d'eaux agressives (et réduction de la turbidité en sus)

Filtres à CAG

Adsorption de pesticides, de la matière organique

Filtres biologiques (supports variés)

Élimination de la matière organique, nitrification, dénitrification, déferrisation, démanganisation...

Caractéristiques du milieu poreux

Granulométrie

Elle se caractérise par une courbe représentant le pourcentage massique des grains passant au travers de mailles d'une succession de tamis normalisés. Elle permet notamment de déterminer la taille effective et le coefficient d'uniformité.

DéfinitionTaille effective

La TE10 correspond à la maille laissant passer 10% des grains et donc en retenant 90% : ces 90% en masse ont donc une taille supérieure à la taille effective.

DéfinitionCoefficient d'uniformité

Le CU est égal au rapport des tailles correspondant aux pourcentages 60 et 10 de la courbe granulométrique et détermine l'homogénéité de la taille des grains.

Remarque

Le risque de colmatage du filtre augmente en présence de particules fines. Au moment du lavage, ces fines vont se placer entre les éléments les plus gros, colmatant ainsi les espaces disponibles pour la circulation de l'eau. La  TE10 ne doit donc être ni trop faible (risque accru du colmatage) ni trop grande sinon l'eau est mal filtrée.

Attention

Taille effective et coefficient d'uniformité optimum dépendent de l'application envisagée !

DéfinitionPorosité

La porosité, notée ε, est égale au rapport entre le volume de vide et le volume total (vide + sable). Elle définit la section de passage des particules au travers du matériau.

Équation en notation Latex : \epsilon=\frac{V_v}{V_t}

avec :

  • Vv = volume de vide

  • Vt = volume total

DéfinitionMasse volumique apparente et réelle

La masse volumique apparente est celle du matériau non tassé. La densité réelle est celle du matériau tassé. On peut alors écrire :

Équation en notation Latex : \epsilon=1-\frac{\rho_a}{\rho_v}

avec :

  • ρa = masse volumique apparente

  • ρv = masse volumique réelle

Filtration dans la masse d'une suspension chargée

La filtration des suspensions très peu chargées (rapport massique solide sur liquide inférieur au millième) en particules de dimensions inférieures à celles des pores du milieu filtrant, ne se fait pas

par formation d'un gâteau sur le milieu poreux, mais par dépôt dans la masse du filtre.

La concentration de la suspension diminue progressivement de l'entrée à la sortie du filtre. Les particules retenues s'accumulent dans les diverses couches du filtre et provoquent l'augmentation de la perte de charge et une diminution de la capacité d'élimination du lit poreux.

Mécanismes de capture

Les mécanismes de capture des particules par un filtre incluent :

  • Tamisage mécanique

    • Particules plus grosses que la maille du filtre

  • Dépôt sur le matériau filtrant

    • Interception par frottement

    • Diffusion (mouvement brownien)

    • Action de forces moléculaires (Van der Waals)

    • Action de forces physico-chimiques (potentiel Zeta)

    • Décantation

Qualité de l'eau après filtration

Les principaux paramètres suivis en sortie d'un filtre sont : turbidité, couleur, MES. Une eau filtrée de bonne qualité présente les caractéristiques suivantes :

  • Turbidité : 0,2 à 1,0 NFU (le plus souvent, on vise < 0,5 NFU)

  • MES : 0,05 à 0,2 mg/L

Le suivi de la turbidité pendant un cycle de filtration comprend les phases suivantes :

  1. Effets de lavage (1,2 et 3) : la turbidité est importante et présente pendant les 10 premières minutes des variations liées à la présence dans le filtre d'eau de lavage (cas d'un lavage insuffisant).

  2. Maturation (4) : la turbidité diminue, le filtre se met en équilibre. Cette séquence dure une dizaine de minutes.

  3. Filtration : la turbidité reste faible et stable pendant plusieurs heures : la durée du cycle est liée à la quantité de matières à retenir.

  4. Crevaison (5) : la capacité maximale de rétention du filtre est atteinte, la turbidité se met à augmenter. Il faut alors laver le filtre avant de démarrer un nouveau cycle.

Suivi de la turbidité durant un cycle de filtration

Évolution des pertes de charge

L'accumulation des dépôts sur les grains de sable provque une diminution du volume des pores et une augmentation de la résistance à l'écoulement. Le colmatage du filtre correspond à un accroissement de la perte de charge au cours du temps.

Un filtre propre crée une perte de charge, même si l'eau qui le traverse est exempte de MES. Pendant la filtration, il y a accumulation de particules sur les grains et colmatage :

  • la surface spécifique des grains augmente ;

  • la porosité du filtre diminue à partir de la valeur initiale ε0 : Équation en notation Latex : \epsilon=\epsilon_0.(1-\frac{\sigma}{\epsilon_0}) avec Équation en notation Latex : \sigma = volume de dépôt par unité de volume du filtre.

La surface des grains encrassée par unité de volume tend à augmenter de manière plus importante dans les couches supérieures du filtre : la perte de charge par unité de hauteur ne sera donc pas identique sur toute sa hauteur.

Le fonctionnement optimal d'un filtre est atteint lorsque le temps t2 pour lequel le filtre atteint sa perte de charge maximale autorisée (liée aux dispositions constructives) est égal au temps t1 où la qualité du filtrat se détériore. On peut jouer sur les paramètres suivants :

  • volume de boues : lié à la qualité d'eau à traiter (une filtration est rarement conduite sans décantation préalable) ;

  • cohésion de la boues : peut être modifié par ajout d'un coagulant ;

  • taille effective et coefficient d'uniformité du média filtrant ;

  • hauteur du matériau ;

  • vitesse de filtration : elle représente le ratio du débit de filtration sur la surface de filtration (m3.m-2.h-1 ou m.h-1).

On parle de filtres lents lorsque la vitesse de filtration est de l'ordre de quelques m.j-1 et de filtres rapides lorsque la vitesse de filtration est de l'ordre de quelques m.h-1 (couramment 7 m.h-1)

Évolution de la perte de charge et de la turbidité au cours d'un cycle de filtration

Lavage du filtre

Le lavage des filtres est nécessaire pour décolmater le filtre. Il permet de retirer les matières retenues durant le cycle de filtration et de lui redonner ses caractéristiques hydrauliques initiales.

Modes de lavage

Il existe deux grands types de lavages :

  • lavage à l'eau seule : l'eau circule de bas en haut avec une vitesse suffisante pour mettre le sable en expansion ;

  • lavage air + eau : en plus d'une circulation ascendante d'eau, la masse de sable est soumise à une vibration provoquée par l'injection de bulles d'air. Cela permet le décollage des impuretés et leur entraînement avec l'eau de lavage. L'expansion est beaucoup moins importantes, ce qui permet des économies d'eau et de matériau (moins de perte).

La durée de lavage dépend de la qualité d'eau à traiter, de la nature des particules, du type de lavage utilisé, etc. Un cycle complet de lavage dure entre 8 et 15 minutes environ. Un filtre est nettoyé toutes les 12 à 24h.

Fondamental

Lors du lavage, il y a expansion (fluidisation) du média filtrant soit une séparation des particules (augmentation de la porosité du lit).

Les petites particules initialement retenues ayant une vitesse terminale de chute libre inférieure sont emportées avec les eaux sales.

Ainsi, pour le lavage, la vitesse ascendante de l'eau doit être :

  • supérieure à la vitesse minimale de fluidisation du média filtrant (umf) ;

  • inférieure à la vitesse terminale du média filtrant (uf) pour éviter le transport du matériau hors du lit ;

  • supérieure à celle des particules retenues dans le filtre.

Expérimentalement, il a été démontré que la vitesse ascendante doit être égale à environ 10% de la vitesse de sédimentation du média filtrant.

Attention

Le design est typiquement fait pour une température de l'eau de 20°C. Les propriétés de l'eau changeant en fonction de la température, il est impératif de corriger.

Exercice : Dimensionnement d'une batterie de filtres à sable

On souhaite dimensionner une étape de filtration sur sable prenant place après une étape de coagulation/floculation/décantation. L'eau à filtrer a une concentration en MES de 5 mg/L. La concentration en sortie du filtre sera de 0,2 mg/L. Le débit à produire est de 500 m3/h

Considérant une vitesse de filtration de 7 m.h-1, calculer la surface de filtration nécessaire.

Afin d'assurer une continuité de production, on opte pour une batterie de 7 filtres. Calculer la surface unitaire de chaque filtre dans cette configuration.

Pendant qu'un des 7 filtres est en cours de lavage, la production ne se fait que sur 6 filtres. La surface totale de filtration réelle est donc réduite. Reconsidérez le dimensionnement précédent en prenant en compte ce mode de fonctionnement.

Chaque filtre sera lavé toutes les 24h. Le cycle de lavage choisi comprend 12 minutes de lavage à l'eau avec une vitesse de 20 m.h-1. Calculer la perte en eau générée sur une journée exprimée en m3.j-1 et en %.

Adsorption

Introduction

L'adsorption est le phénomène par lequel certaines molécules de la solution peuvent se fixer sur la surface d'un solide sous l'effet des forces d'attraction intermoléculaires, sans qu'il y ait réaction chimique. L'adsorption constitue un phénomène de surface : elle correspond à la fixation à la surface d'un matériau (adsorbant) d'une substance liquide ou gazeuse (adsorbat).

Ce phénomène physique est mis en jeu en traitement des eaux pour éliminer de l'eau certains composés dissous, la plupart du temps non biodégradables, comme certains micropolluants : pesticides, THM, résidus médicamenteux... Ces opérations unitaires mettent en jeu la plupart du temps un matériau adsorbant de type charbon actif, soit en poudre (CAP), soit en grain (CAG). Dans le premier cas, l'adsorption est réalisée au sein de réacteurs agités (souvent en parallèle d'une coagulation) avant une étape de séparation. Dans le second cas, ce sont des filtres à CAG qui sont mis en œuvre.

L'adsorption est couramment employée en tant que traitement d'affinage sur les filières de potabilisation. Elle vise alors une amélioration des qualités organoleptiques de l'eau (goût, couleur), une élimination complémentaire de la matière organique et surtout un abattement des micropolluants non-dégradables par voie biologique ou oxydation chimique, les pesticides notamment. En eau usée, elle est une des technologies les plus utilisées dans l'optique d'un traitement tertiaire des micropolluants.

Illustration du phénomène de sorption

Principe de l'adsorption

Définition

Le transfert d'un composé soluble depuis la phase liquide vers une interface solide est appelé adsorption. La substance qui est transférée est appelée adsorbat tandis que le solide sur lequel l'adsorbat vient se fixer est appelé adsorbant.

Le phénomène d'adsorption est lié à différents mécanismes d'interactions entre la surface de l'adsorbant et l'adsorbat. Ces mécanismes sont soit de nature physique (forces de Van der Waals, etc.) ou chimiques (formation de liaisons covalentes, complexation de surface, etc.).

Dans le domaine du traitement des eaux, il est souvent difficile de distinguer la chimisorption de la physisorption. Aussi, le simple terme de sorption est souvent utilisé pour désigner la rétention d'un composé soluble sur une surface.

Le processus d'adsorption se décompose en quatre étapes :

  1. Transport de l'adsorbat au sein du liquide (par advection et diffusion) ;

  2. Transfert de molécules vers la phase externe de la particule d'adsorbant ;

  3. Diffusion de l'adsorbat au sein des macropores de l'adsorbant vers les sites d'adsorption situé dans les micropores sous l'effet du gradient de concentration ;

  4. Adsorption proprement dite.

Principe de l'adsorption d'une molécule sur un solide (ex : charbon actif)

C'est la deuxième étape qui est déterminante dans les vitesses d'adsorption. L'adsorption dans les macropores est rapide et celle dans les micropores lente.

La cinétique d'adsorption

Définition

Il s'agit de caractériser la quantité d'adsorbat retenu sur l'adsorbant en fonction du temps. La cinétique d'adsorption est donc définie par la fonction q = f(t) avec q = quantité d'adsorbat retenue (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant). On peut alors déterminer le temps de contact requis pour atteindre l'équilibre d'adsorption (q = f(t) = constante).

Caractérisation des cinétiques d'adsorption

Plusieurs équations sont en mesure de décrire les vitesses d'adsorption. On peut notamment citer les cinétiques de pseudo-premier ordre et pseudo-second ordre établies respectivement par Lagergren et Ho et McKay (1998):

Équation en notation Latex : \frac{dq}{dt}=k_1 (q_e-q)

Équation en notation Latex : \frac{dq}{dt}=k_2(q_e-q)^2

avec :

  • q = concentration d'adsorbat en phase solide au temps t (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • k1 = constante cinétique de pseudo-premier ordre (min-1) ;

  • k2 = constante cinétique de pseudo-second ordre (g adsorbant/(g adsorbat.min)) ;

Isothermes d'adsorption

L'isotherme d'adsorption

Définition

La quantité de matière adsorbée sur l'adsorbant en fonction de la concentration de l'adsorbat en solution est déterminée à l'équilibre (temps de contact minimum défini par la cinétique) et à température constante, au sein d'une série de réacteurs en batch contenant différentes concentrations initiales en adsorbat. A l'équilibre, on définit la quantité de matière adsorbée comme suit :

Équation en notation Latex : q_e=\frac{(C_0-C_e)V}{m}

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • C0 = concentration initiale d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • V = volume de liquide dans le réacteur (m3) ;

  • m = masse d'adsorbant dans le réacteur (g) ;

La fonction qe = f(Ce) est appelée isotherme d'adsorption. Différents modèles existent dans la littérature pour décrire les isothermes d'adsorption : les plus courants sont les modèles de Langmuir et Freundlich.

Isotherme de Langmuir

Le modèle de Langmuir est un modèle mécaniste. Il est fondé sur des hypothèses réactionnelles entre le soluté (adsorbat) et l'adsorbant :

  1. Le solide présente une capacité maximale d'adsorption Qmax , le nombre de sites d'adsorption est fini ;

  2. Tous les sites d'adsorption à la surface du solide sont identiques ;

  3. Chaque site d'adsorption retient une seule molécule d'un composé donné ;

  4. Tous les sites sont énergétiquement et stériquement indépendants de la quantité de composé adsorbé ;

  5. L'adsorption est un phénomène réversible.

La réaction suivante est alors considérée à la surface de l'adsorbant :

Équation en notation Latex : S+A \rightarrow SA

avec :

  • S = site d'adsorption libre

  • A = adsorbat

  • SA = complexe de surface site-adsorbat

La loi d'action de masse appliquée à cet équilibre (en considérant les coefficients d'activité égaux à 1) amène alors l'équation suivante :

Équation en notation Latex : Q_e=\frac{Q_{max} K_l C_e}{1+K_l C_e }

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • Qmax = capacité maximale d'adsorption (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Kl = constante d'affinité (m3.g-1) ;

L'isotherme atteint un plateau défini par la capacité maximale d'adsorption Qmax. La correspondance de points expérimentaux avec l'équation de Langmuir ne signifie pas nécessairement que les hypothèses définies ci-dessus sont valides pour le système étudié.

Isotherme de Langmuir

Méthode

Les constantes de Langmuir peuvent être déterminées de manière aisée via une linéarisation de l'équation (déconseillé) ou préférentiellement par ajustement par régression non-linéaire avec minimisation d'une fonction d'erreur (utilisation du solveur de Microsoft Excel par exemple).

Isotherme de Freundlich

Ce modèle est un modèle empirique développé par Freundlich. Il est fondé sur la relation suivante entre Ce et Qe :

Équation en notation Latex : Q_e=K_f C_e^{1/n}

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • Kf = facteur de capacité de Freundlich (g.g-1 ou g.mol-1) ;

  • 1/n = facteur d'intensité de Freundlich (sans unité).

Dans cette équation, l'isotherme ne présente pas de plateau lorsque Ce augmente.

Isotherme de Freundlich

Mise en œuvre du charbon actif à l'échelle industrielle

Au sein d'une filière de traitement des eaux, le traitement par adsorption peut se présenter sous deux formes principales :

  1. Procédé d'adsorption sur Charbon Actif en Grains (CAG) : il s'agit d'un filtre dont le matériau poreux est constitué de charbon d'une granulométrie de quelques mm. La rétention de matières en suspension ainsi que le développement éventuel d'un biofilm bactérien rendent nécessaires des cycles de lavage par fluidisation du matériau.

  2. Procédé d'adsorption sur Charbon Actif en Poudre (CAP) : il s'agit le plus souvent d'un réacteur agité (parfaitement ?) dit « Réacteur à CAP ». Le charbon utilisé est alors d'une granulométrie de quelques dizaines de microns. Il est nécessaire par la suite de le séparer par décantation. Ce type d'ouvrage est alors similaire à une étape de clarification par coagulation-floculation-décantation.

Filtre à CAG
Réacteur à CAP

TP 5 : adsorption sur charbon actif en réacteurs fermés

Objectifs

  • Mettre en œuvre un test d'adsorption,

  • Déterminer les paramètres de modèles cinétiques d'adsorption à partir de données expérimentales,

  • Citer et exprimer les équations régissant l'équilibre d'adsorption (isothermes) et en déterminer les paramètres à partir de données expérimentales,

  • Dimensionner un filtre à charbon actif en grain.

Introduction

Un test d'adsorption se déroule toujours en deux temps :

  1. l'étude cinétique permet de déterminer le temps de contact à respecter pour un rendement donné et le temps d'équilibre,

  2. l'isotherme permet de définir l'équilibre d'adsorption et permettra de dimensionner la dose à injecter dans le procédé de traitement,

En salle TP, vous auriez eu à votre disposition :

  • une table d'agitation et des flacons en verre de 100 mL

  • du charbon actif en grains,

  • une solution mère de bleu de méthylène à 1 g/L,

  • de la verrerie,

  • un spectrophotomètre,

  • des cuvettes pour mesures au spectrophotomètre.

Grains de charbon actif à introduire dans les flacons
Dispositif pour test d'adsorption en réacteurs fermés (batch)

Cinétique d'adsorption

MéthodeLancement de l'expérimentation

  1. Introduire dans 10 erlenmeyers une dose identique de charbon actif à 150 mg,

  2. Ajouter 50 mL d'eau distillée dans chacun des béchers,

  3. Ajouter 1 mL de solution mère de bleu de méthylène, lancer le chronomètre dès la mise en contact entre le colorant et le charbon

  4. Boucher les flacons,

  5. Mettre la table d'agitation en route de manière à obtenir une agitation optimale.

Préparation des flacons pour le test cinétique

MéthodeÉtude de la cinétique d'adsorption

  1. Vous prélèverez au cours du temps chacun des flacons (on parle d'échantillons "sacrificiels") pour séparer la solution de bleu de méthylène du charbon. Vous conserverez la solution correspondante à chaque temps dans un bécher séparé dûment identifié. Ne pas prélever de grains de charbon.

  2. Les temps de prélèvement seront (en minutes) : 5,10,15,20,30,45,60,80,100,120.

  3. Vous mesurerez au spectrophotomètre la concentration résiduelle en colorant pour chaque échantillon.

  4. Vous tracerez le graphe représentant la quantité adsorbée (notée q(t) et exprimée en mg bleu de méthylène/g CAP) au cours du temps.

Isotherme d'adsorption

MéthodeLancement de l'expérimentation (isothermes)

  1. Introduire dans 6 flacons une dose croissante de charbon actif allant de 0 (témoin) à 300 mg,

  2. Ajouter 50 mL d'eau distillée dans chacun des flacons,

  3. Ajouter 1 mL de solution mère de bleu de méthylène,

  4. Boucher les flacons,

  5. Mettre la table d'agitation en route de manière à obtenir une agitation optimale.

Étude de l'isotherme d'adsorption

  1. Lorsque le temps d'équilibre a été atteint (la concentration en solution ne varie plus au cours du temps), prélever un échantillon (sans prendre de grains) dans chaque flacons,

  2. Analyser la concentration en solution à l'équilibre notée Ce au spectrophotomètre.

  3. Vous tracerez le graphe représentant la quantité adsorbée à l'équilibre qe en fonction de la concentration mesurée en solution à l'équilibre Ce appelé isotherme d'adsorption (il s'agit en fait d'une courbe d'équilibre).

Photo des flacons à la fin du test d'équilibre (isotherme)

Dosage du bleu de méthylène

MéthodeEtalonnage

Le dosage s'effectue au spectrophotomètre à une longueur d'onde de 660 nm. Le principe fondamental est la loi de Beer-Lambert.

Pensez à faire le zéro du spectrophotomètre à l'eau déminéralisée.

Vous déterminerez la relation concentration = f(absorbance) en mesurant l'absorbance pour des concentrations connues en bleu de méthylène.

Dans une fiole jaugée de 50 mL, ajouter 2 mL de la solution à 1 g/L que vous avez à disposition et compléter à l'eau distillée. On appellera cette solution E1.

Le tableau ci-dessous vous donne les indications pour préparer les solutions étalons dans des fioles jaugées de 50 mL.

Volume solution E1 (mL)

0

1

2

3

4

5

Volume d'eau distillée (compléter au trait de jauge)

50

49

48

47

46

45

Concentration en bleu de méthylène (mg/L)

Absorbance

Vous tracerez la droite concentration=f(absorbance) dont la pente vous permettra de calculer les concentrations de vos échantillons.

Attention

Pour la mesure de vos échantillons, si l'absorbance dépasse le domaine de linéarité et/ou votre gamme d'étalonnage, refaire la mesure en diluant l'échantillon ! ! !

Définition de la quantité d'adsorbat éliminé

Définition

Pour chaque erlenmeyer, la quantité de la molécule ciblée adsorbée sur le matériau adsorbant est définie par :

Équation en notation Latex : q=\frac{(C_0-C)V}{m}

avec :

  • q = concentration d'adsorbat en phase solide (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • C0 = concentration initiale d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • C = concentration d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • V = volume de liquide dans le réacteur (m3) ;

  • m = masse d'adsorbant dans le réacteur (g) ;

Données expérimentales

Les données expérimentales (étalonnage du spectrophotomètre, cinétiques, isothermes) sont disponibles dans le fichier suivant :

Exercice : Interprétation des cinétiques et des isothermes

Cinétiques

Vous ajusterez les données expérimentales aux différents modèles cinétiques proposés dans la suite du cours (pseudo-ordre 1 et pseudo-ordre 2). Vous intégrerez les deux équations proposées pour réaliser ensuite une régression non-linéaire utilisant le solveur (Microsoft Excel ou équivalent).

Lequel de ces deux modèles permet le mieux d'ajuster les données expérimentales ?

Quel est le temps d'équilibre ?

Isothermes

Sur le même principe, ajustez votre isotherme d'adsorption aux modèles de Langmuir et Freundlich.

Lequel de ces deux modèles permet le mieux d'ajuster les données expérimentales ? Quelle indication sur les mécanismes d'adsorption ?

Exercice : Traitement de pesticides par charbon actif

Une eau de forage prélevée à un débit de 60 m3.h-1 contient 2 µg.L-1 de Métazachlore. On veut réduire cette concentration à 0,01 µg.L-1 soit par adjonction de charbon actif en poudre (CAP) dans un réacteur parfaitement agité, soit par utilisation d'un filtre à charbon actif en grain (CAG) avec un temps de contact de 12 minutes.

Constantes de Freundlich du charbon actif utilisé :

  • Kf = 1,82 µg.mg-1.(L.µg-1)1/n

  • 1/n = 0,13

Déterminer la dose de CAP à injecter pour atteindre cet objectif en g.m-3 et en kg.an-1

En supposant le réacteur parfaitement agité et un régime permanent, la concentration visée en sortie correspondra à la concentration à l'équilibre Ce. L'isotherme nous donne alors la masse de pesticide adsorbée par mg de CAP (qe).

Connaissant les charges en pesticides à l'entrée et en sortie, on en déduit la masse de pesticides à éliminer par unité de temps.

On déduit alors de la valeur de qe et de cette dernière masse la dose de charbon à injecter.

Déterminer la durée de vie du filtre à CAG ainsi que la quantité de CAG à renouveler. Donnée complémentaire : la densité apparente du CAG utilisé est de 450 kg.m-3.

Le temps de contact de 12 min nous donne le volume utile de CAG à mettre dans le filtre. Avec la densité apparente, on en déduit la masse de CAG installée.

Avec la dose calculée à l'exercice précédent exprimée en kg.an-1 et cette masse installée, on en déduit la durée de vie théorique du filtre au bout de laquelle on devra renouveler le CAG !

Exercice : Traitement de pesticides par charbon actif

Une eau de forage prélevée à un débit de 60 m3.h-1 contient 2 µg.L-1 de Métazachlore. On veut réduire cette concentration à 0,01 µg.L-1 soit par adjonction de charbon actif en poudre (CAP) dans un réacteur parfaitement agité, soit par utilisation d'un filtre à charbon actif en grain (CAG) avec un temps de contact de 12 minutes.

Constantes de Freundlich du charbon actif utilisé :

  • Kf = 1,82 µg.mg-1.(L.µg-1)1/n

  • 1/n = 0,13

Déterminer la dose de CAP à injecter pour atteindre cet objectif en g.m-3 et en kg.an-1

En supposant le réacteur parfaitement agité et un régime permanent, la concentration visée en sortie correspondra à la concentration à l'équilibre Ce. L'isotherme nous donne alors la masse de pesticide adsorbée par mg de CAP (qe).

Connaissant les charges en pesticides à l'entrée et en sortie, on en déduit la masse de pesticides à éliminer par unité de temps.

On déduit alors de la valeur de qe et de cette dernière masse la dose de charbon à injecter.

Déterminer la durée de vie du filtre à CAG ainsi que la quantité de CAG à renouveler. Donnée complémentaire : la densité apparente du CAG utilisé est de 450 kg.m-3.

Le temps de contact de 12 min nous donne le volume utile de CAG à mettre dans le filtre. Avec la densité apparente, on en déduit la masse de CAG installée.

Avec la dose calculée à l'exercice précédent exprimée en kg.an-1 et cette masse installée, on en déduit la durée de vie théorique du filtre au bout de laquelle on devra renouveler le CAG !

Conclusion

Les cinétiques et isothermes d'adsorption dépendent des propriétés respectives de l'adsorbant et de l'adsorbat ainsi que de la température. Les propriétés ayant une influence sur le phénomène de sorption incluent :

  • Pour l'adsorbant : surface spécifique, état de surface, etc.

  • Pour l'adsorbat : concentration, solubilité, poids moléculaire, structure moléculaire, polarité, charges, etc.

Le mise en œuvre de cette opération peut se faire au sein d'un réacteur à CAP (agité) ou d'un filtre à CAG.

Oxydation et désinfection

RPA
Réacteur Parfaitement Agité
RP
Réacteur piston
EDCH
Eau destinée à la consommation humaine
Modèle des réacteurs parfaitement agités en cascade

Il est possible d'approximer et modéliser la dispersion sur un réacteur par une cascade de RPA en série. On démontre dans la littérature que le nombre de réacteurs parfaitement agités en série requis pour reproduire le comportement d'un réacteur piston avec dispersion axiale est environ égal au nombre de Peclet divisé par 2.

A partir du bilan matière effectué sur chaque RPA, on obtient l'expression de la concentration dans chacun :

Équation en notation Latex : C_i=\frac{C_0}{(i-1) !}\left(\frac{t}{\tau_i}\right)^{i-1}e^{-t/\tau_i}

La solution analytique de la DTS et les expressions pour le temps de séjour moyen et la variance sont donnés dans le tableau suivant :

DTS
Distribution des Temps de Séjour
Interprétation des données de traçage
Définition

La courbe représentant la concentration de sortie du traceur en fonction du temps est appelée courbe de traçage.

DéfinitionTemps de séjour hydraulique (TSH)

Le temps de séjour hydraulique (TSH), également appelé temps de passage ou temps de contact est défini comme le rapport du volume du réacteur sur le débit.

Équation en notation Latex : \tau=\frac{V}{Q}

Calculs de la DTS et des paramètres associés
DéfinitionMasse de traceur récupérée

Avant d'interpréter la courbe de traçage et de l'utiliser pour d'éventuelles modélisations, il est nécessaire de vérifier que l'ensemble du traceur conservatif a été récupéré. Cette récupération est calculée de la façon suivante :

Équation en notation Latex : R=\frac{\int_0^\infty Q(t)C(t) \, \mathrm dt}{M}*100 = \frac{\sum Q(t_i)C(t_i) \Delta t_i}{M}*100

Avec :

  • Équation en notation Latex : R Taux de récupération du traceur (%) ;

  • Équation en notation Latex : M Masse de traceur injectée

  • Équation en notation Latex : C(t) Concentration de traceur mesurée en sortie

  • Équation en notation Latex : t Temps

  • Équation en notation Latex : Q Débit

  • Équation en notation Latex : \Delta t_i Pas de temps

  • Équation en notation Latex : t_i Temps à la Équation en notation Latex : i^{\text{ème}} mesure

  • Équation en notation Latex : C(t_i) Concentration en traceur à la Équation en notation Latex : i^{\text{ème}} mesure

DéfinitionDistribution des Temps de Séjour (DTS)

Afin de standardiser l'analyse des courbes de traçage, on recourt souvent à la normalisation de celles-ci : la concentration mesurée est divisée par une fonction choisie de manière à ce que l'aire sous la courbe obtenue soit égale à 1. Ces courbes normalisées sont connues sous le nom de Distribution des Temps de Séjour (DTS). La DTS correspond à une distribution statistique des temps de séjour des particules de fluide entrant dans le réacteur.

La DTS Équation en notation Latex : E(t) peut aussi être définie comme Équation en notation Latex : E(t)\Delta t = fraction d'eau qui reste dans le système entre le temps Équation en notation Latex : t et Équation en notation Latex : \Delta t. Elle est calculée de la manière suivante :

Équation en notation Latex : E(t)=\frac{Q(t)C(t)}{\int_0^\infty Q(t)C(t) \, \mathrm dt} = \frac{Q(t_i)C(t_i)}{\sum{Q(t_i)C(t_i)\Delta t_i}}

  1. Lors d'une injection sous forme d'impulsion, la DTS, notée E(t) est définie par : Équation en notation Latex : E(t)=\frac{C(t)}{\int_0^\infty C(t) \, \mathrm dt}

  2. De manière similaire, lors d'une injection sous forme d'échelon, la DTS dite « cumulée », est notée F(t), et est définie par l'intégrale de la courbe E(t) : Équation en notation Latex : F(t)=\int_0^t E(t) \, \mathrm dt. En effet, F(t) représente la quantité de traceur qui a séjourné dans le réacteur moins de temps que t.

On a alors l'intégrale de la DTS E(t) égale à 1 soit : Équation en notation Latex : \int_0^\infty E(t) \, \mathrm dt=1

Paramètres statistiques issus des courbes de traçage et de la Distribution des Temps de Séjour

Paramètre

Symbole et formule

Unités

Signification

Temps de trajet minimal

Équation en notation Latex : t_1

s

Permet de détecter les phénomènes de court-circuit

Défini comme le temps minimal de trajet entre l'entrée et la sortie du réacteur, via le plus court trajet

Il s'agit du temps passé entre le moment où le traceur est introduit et sa 1ère détection en sortie

Indice de court-circuit

Équation en notation Latex : t_1/\tau

/

Temps de séjour moyen

Équation en notation Latex : \bar{t} = \frac{\int_0^\infty tC(t) \, \mathrm dt}{\int_0^\infty C(t) \, \mathrm dt}

ou

Équation en notation Latex : \bar{t} = \int_0^\infty tE(t) \, \mathrm dt = \sum t_i E(t_i)\Delta t_i

s

Temps moyen nécessaire à une particule pour traverser le réacteur depuis l'entrée du réacteur jusqu'à sa sortie

Variance

Équation en notation Latex : \bar{t} = \frac{\int_0^\infty t^2C(t) \, \mathrm dt}{\int_0^\infty C(t) \, \mathrm dt}-\bar{t}^2

ou

Équation en notation Latex : \sigma^2=\int_0^\infty (t-\bar{t})^2 E(t) \ \mathrm dt= \sum t_i^2 E(t_i) \Delta t_i-\bar{t}^2

s2

La variance est une mesure de la dispersion de la courbe de traçage et de la DTS

Variance adimensionnelle

Équation en notation Latex : \sigma^2_{\theta}=\frac{\sigma^2}{\bar{t}^2}

s2

Permet d'adimensionnaliser la variance afin d'obtenir les paramètre caractéristiques de modèles systémiques

Débit volumique d'alimentation

Équation en notation Latex : Q=\frac{n}{\int_0^\infty C(t) \, \mathrm dt}

avec Équation en notation Latex : n = quantité totale de traceur injecté (mole ou g)

m3.s-1

Possible à recalculer simplement à partir de la DTS si la quantité totale de traceur Équation en notation Latex : n est connue (et si l'on est sur de vérifier l'hypothèse de traceur conservatif) => principe d'un jaugeage pour mesurer un débit en rivière

Volume accessible au fluide

Équation en notation Latex : V_A=Q\bar{t}

m3

Volume de « mélange réel » au sein du réacteur

Volume mort

Équation en notation Latex : V_M=V_R-V_A avec VR = volume utile du réacteur (volume de contrôle)

m3

Volume ne participant pas au mélange dans le réacteur

Injection de traceur sous forme d'impulsion
Injection de traceur sous forme d'échelon

Classification des réacteurs en génie des procédés et utilisation en traitement des eaux

Fondamental

Le traitement des eaux est réalisé via des opérations unitaires de type physique, chimique et biologique. Ces opérations sont réalisées au sein de cuves, récipients appelés communément « réacteurs ».

La classification des réacteurs se fait selon trois principaux critères :

  • la présence d'entrées et sorties :

    • les réacteurs ouverts (ou continus) : volume et densité constants (débit d'entrée = débit de sortie) ou volume volume variable ;

    • les réacteurs fermés (ou discontinus) dit « réacteur en batch » ;

    • les réacteurs semi-continus ;

  • l'hydrodynamique du réacteur :

    • Réacteurs idéaux :

      • réacteur parfaitement agité (RPA) (en anglais : CFSTR "Continuous-flow stirred-tank reactor") ;

      • réacteur à flux piston (RP) (en anglais : PFR "Plug-flow reactor") ;

    • Les réacteurs réels dont le comportement est situé entre le RPA et le RP ;

  • les phases en présence : fluides (eau, air...) et solides (supports, microorganismes floculés...) : réacteurs monophasiques, à lit fixe (en anglais : « packed bed reactor »), à lit fluidisé (en anglais : « fluidized bed reactor »)

Réacteurs idéaux
Réacteur fermé, discontinu

Pour ce type de réacteur, les flux entrants et sortants sont nuls durant la réaction (le réacteur fonctionne selon un cycle de remplissage, réaction, vidange). Le contenu du réacteur est supposé complétement agité.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Fermé

Traitement biologique en réacteur séquentiel (Sequencing Batch Reactor)

Mélange/préparation de réactif (par ex. : lait de chaux

Réacteur continu parfaitement agité (RPA)

Au sein de ce type de réacteur, on suppose idéalement un mélange instantané et uniforme du milieu réactionnel dans l'ensemble du réacteur, à mesure que le fluide pénètre dans le système. Les particules de fluide quittent le réacteur en fonction de leur distribution statistique. Les conditions de mélange parfait sont atteintes au sein de réacteurs de forme circulaire ou rectangulaire si le contenu est distribué de manière uniforme et continue. Le temps requis pour atteindre ces conditions - appelé temps de mélange - est fonction de la géométrie du réacteur ainsi que du type et de la puissance d'agitation.

Le volume et la densité sont constants (débit d'entrée = débit de sortie). Les concentrations et température du flux de sortie sont les mêmes que celles dans le réacteur.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

RPA

Coagulation

Floculation

Désinfection

Réacteur à charbon actif en poudre (CAP)

RPA avec recyclage

Traitement biologique par boues activées (bassin dit "à mélange intégral")

Réacteur piston (RP)

Dans des conditions idéales, les particules de fluide passent à travers le réacteur avec très peu ou pas du tout de mélange longitudinal : elles quittent le réacteur dans le même ordre que celui dans lequel elles sont entrées. Le temps de séjour, dans les conditions idéales, est égal au temps de séjour théorique. Ce type d'écoulement est approché au sein de réacteurs de forme allongée (rapport longueur/largeur élevé) où la dispersion longitudinale est minimale voire absente, ou encore de réacteur tubulaires fermés (une canalisation par exemple !).

Réacteur Piston

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Piston

Lagunage naturel

Désinfection

Oxydation

Désinfection

Piston avec recyclage

Traitement biologique par boues activées

Association de réacteurs
Cascade de réacteurs

Ce type de réacteur est caractérisé par une succession de réacteurs (plusieurs réacteurs continus ou un duo réacteur continu-réacteur à écoulement piston par exemple). Le flux de sortie du premier réacteur sert de flux d'entrée au second réacteur et ainsi de suite. Cette configuration permet d'atteindre des conversions très élevés.

On peut parfois rencontrer physiquement des systèmes se rapprochant de ce type de configuration dans le cadre de certaines filières de traitement.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Réacteurs en cascade

Lagunage multiétagé (3 réacteurs en série usuellement)

Filtres plantés de roseaux à écoulement vertical

Réacteurs à boues activées "multizones", par exemple : zone de contact, zone anaérobie, zone anoxique, zone aérobie.

Tours d'ozonation

Utilisé pour simuler les écoulements non-idéaux

Complément

La cascade de réacteurs parfaitement agités est aussi utilisée pour décrire, modéliser le régime d'écoulement non-idéal se situant entre le RPA et le réacteur piston. Plus le nombre de RPA est élevé, plus le régime piston est prédominant, et inversement.

Réacteurs polyphasiques
Réacteur à lit fixe

Ce type de réacteur est rempli avec un garnissage de type minéral ou plastique (pouzzolane, céramique, charbon actif) formant une phase solide. En fonction de la direction du flux, le lit fixe peut être exploité en mode ascendant ou descendant. L'injection peut être réalisée de manière continue ou discontinue (par bâchées). Le garnissage peut être disposé de manière continue ou en plusieurs étages. Une injection de gaz (air) nécessaire à la réaction est possible : dans le cas ou les flux liquide et gazeux sont dans la même direction, on parle de réacteur à co-courant, et dans le cas inverse de réacteur à contre-courant.

En termes de modélisation hydrodynamique, ce type de réacteur s'approche souvent du comportement d'un réacteur piston non idéal.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Lit fixe

Biofiltres

Lits bactériens

Massifs filtrants plantés ou non

Désodorisation

Adsorption (Charbon Actif en Grains)

Filtration biologique (déferrisation, démanganisation

Reminéralisation sur filtres calcaires

Réacteur à lit fluidisé

Le réacteur à lit fluidisé est très similaire au lit fixé à l'exception du fait que le garnissage est mis en expansion via le mouvement ascendant du fluide (air et/ou eau) à travers le lit. La porosité du lit fluidisé peut alors être contrôlée via le débit du fluide.

Réacteur à lit fluidisé

En termes de modélisation hydrodynamique, ce type de réacteur s'approche souvent du comportement d'un réacteur piston non idéal.

Type de réacteur

Applications en traitement des eaux usées

Applications en traitement des EDCH

Lit fluidisé

Traitement biologique aérobie ou anaérobie (effluents industriels chargés)

Phases de lavage de réacteurs à lit fixe (filtres à sable, à charbon actif en grain)

Abattement (rendement)

Pour une filière de traitement ou une opération unitaire donnée, l'abattement (ou rendement d'élimination) d'un composé donné correspond à la différence entre concentrations initiale et finale rapportée à la concentration initiale. Il s'exprime usuellement en %.

Expérience de traçage : pourquoi faire ?

Définition

Un traçage consiste à injecter le traceur choisi à l'entrée du réacteur ou bassin à étudier et à mesurer sa concentration en sortie en fonction du temps, soit par la collecte d'échantillons qui seront analysés au laboratoire par la suite, soit par l'acquisition de données issues de capteurs (conductimètre, fluorimètre, etc.).

Pour évaluer l'hydrodynamique des réacteurs, l'utilisation de traceurs constitue un des moyens les plus simples et les plus efficaces. Une expérience de traçage permet de comparer les caractéristiques hydrodynamiques (courbe de réponse à l'injection du traceur) d'un réacteur donné avec celles des réacteurs idéaux, permettant ainsi l'évaluation de la conception du réacteur au regard de la conception idéale recherchée.

Dans le domaine du traitement des eaux, les expériences de traçage sont utilisées par exemple pour :

  • Évaluer les courts-circuits au sein des bassins d'aération et des décanteurs ;

  • Évaluer le temps de contact réel au sein d'unités de chloration ;

  • Évaluer les flux au sein de systèmes de traitement extensifs (lagunes).

La détermination de paramètres hydrodynamiques d'un réacteur à partir d'expériences de traçages (temps de séjour moyen, variance, DTS, etc.) constitue un prérequis pour l'évaluation des performances globales de ce réacteur, incluant les cinétiques réactionnelles d'intérêt.

Cinétiques réactionnelles

Lors du choix et de la conception d'un procédé, la stœchiométrie et les vitesses réactionnelles constituent des paramètres fondamentaux. La stœchiométrie définira les quantités de matières constituant les réactifs et les produits de la réaction tandis que les paramètres cinétiques définiront la vitesse d'apparition ou de disparition d'un composé.

DéfinitionVitesse de réaction

Ce terme est utilisé pour décrire l'évolution (augmentation ou diminution) de la quantité de matière d'un composé par unité de volume par unité de temps. Pour les réactions hétérogènes, on peut également l'exprimer par unité de surface ou de masse par unité de temps. Ainsi, pour une réaction homogène, on définit la vitesse de réaction r par :

Équation en notation Latex : r=\frac{1}{V}\frac{d[N]}{dt}

avec :

  • r = vitesse de réaction (mol.m-3.s-1) ;

  • [N] = quantité de matière (mol) ;

  • V = volume de contrôle (m3) ;

  • t = temps (s) ;

Si l'on remplace N par son équivalent V*C (volume en m3 multiplié par concentration en mol.m-3), l'équation précédente devient :

Équation en notation Latex : r=\frac{1}{V}\frac{d(VC)}{dt}=\frac{1}{V}\frac{VdC+CdV}{dt}

Dans le cas où le volume de contrôle reste constant (condition isothermes, pas d'évaporation, réacteur fermé), cette équation se simplifie alors pour donner :

Équation en notation Latex : r=\frac{dC}{dt}

Cette expression peut être positive, indiquant une augmentation de la concentration avec le temps, alors qu'une valeur négative indique une diminution de celle-ci durant la réaction.

En traitement des eaux, les vitesses de réaction sont d'une grande importance. En effet, les réactions mises en jeu sont souvent trop lentes pour être complétées durant le temps imparti. Les procédés de traitement sont alors conçus sur la base des cinétiques réactionnelles plutôt que sur la base de leur équilibre stœchiométrique.

Expression de vitesses de réaction couramment rencontrées en traitement des eaux

La vitesse de réaction peut généralement être exprimée en fonction de la concentration d'un réactif ou d'un produit de la réaction en fonction du temps. Les résultats obtenus sont en général comparés à un certain nombre d'équations standard (modèles cinétiques). Un certains nombre de modèles de réactions courants en traitement des eaux sont reportés dans le tableau suivant :

Exemples d'expressions de la vitesse de réaction appliqués en traitement des eaux
FondamentalTemps de contact ou Temps de Séjour Hydraulique

Connaissant le temps nécessaire pour qu'un réaction aboutisse à un objectif donné (abattement), on peut donc en déduire le temps de contact nécessaire au sein du réacteur de traitement. Celui-ci est également appelé le TSH et s'exprime comme le rapport du volume du réacteur concerné par le débit à traiter :

Méthodologie du traçage

AttentionHypothèses fondamentales à respecter pour un traçage
  • le traceur doit être conservatif : récupération de 100% du traceur injecté en sortie

  • le débit doit être constant

MéthodeInjection du traceur

La méthodologie d'injection du traceur détermine le type de réponse obtenue en sortie. Deux modes d'injection peuvent être envisagés en fonction de la configuration :

  • Injection d'une quantité donnée de traceur durant une période très courte (impulsion, « pulse », « Dirac ») : il est alors important de s'assurer que le temps de mélange initial est suffisamment restreint par rapport au temps de séjour théorique du réacteur étudié. L'utilisation d'un mélangeur statique ou auxiliaire peut être envisagée. La sortie mesurée est alors telle que montré sur les courbes en trait plein pour le RPA et le réacteur piston idéal respectivement.

  • Injection continue sous forme d'échelon jusqu'à ce que la concentration de sortie soit égale à la concentration d'entrée.

Injection de traceur sous forme d'impulsion
Injection de traceur sous forme d'échelon
MéthodeMesure de la concentration en sortie

La mesure de concentration en sortie peut se faire selon deux techniques principales :

  1. prélèvements à intervalles réguliers et mesure des concentrations par dosage : spectrophotométrie, absorption atomique, dosages chimiques, etc.

  2. mesure en continu via une sonde : conductivité pour le sel par exemple, fluorescence, etc.

La première méthode permet un dosage très précis de la concentration mais la fréquence d'analyse est limitée par les contraintes matérielles et il convient de la choisir très soigneusement pour ne pas "rater" le signal en sortie. La seconde méthode permet d'éviter cet inconvenient et est plus simple à mettre en œuvre. Elle peut cependant se révéler moins précise (problématiques liées à l'étalonnage notamment).

Réponse d'un réacteur parfaitement agité à une injection de traceur

Bilan matière

La détermination des caractéristiques hydrodynamiques d'un réacteur ou d'une portion de réacteur (masse d'eau), ainsi que la caractérisation des conversions et réactions s'y déroulant, passent par une approche fondamentale : le bilan matière ou bilan masse.

FondamentalPrincipe

Le principe fondamental est celui de la conservation de la matière, exprimé entre autre par la célèbre formule d'Antoine Lavoisier  « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Pour établir un bilan matière sur un réacteur, il est primordial de définir :

  • Le système étudié et ses limites : il s'agit alors d'identifier l'ensemble des flux entrants et sortants,

  • Le volume de contrôle : volume au sein duquel se déroulent les conversions chimiques, physiques ou biologiques d'intérêt.

Schéma de définition pour un bilan matière sur un RPA (Q = débit d'alimentation et de soutirage, C0 = concentration du composé en entrée, C = concentration du composé en sortie)

Dans la plupart des cas, le système et le volume de contrôle coïncident. Ainsi, pour un réactif donné, le bilan matière est donné par l'expression suivante :

Équation en notation Latex : \begin{align}\text{Débit d'accumulation du réactif dans les limites du système} = \\ \text{Flux de réactif entrant} \\ - \text{ Flux de réactif sortant} \\+ \text{ Débit de conversion de réactif}\end{align}

En d'autres termes :

En fonction des caractéristiques hydrauliques et du composé considéré, certains termes de cette relation peuvent s'annuler. Par exemple :

  • En batch, les termes « Entrée » et « Sortie » sont par définition nuls,

  • Dans le cas d'un composé inerte entrant dans le réacteur (traceurs conservatifs), le terme de production est nul.

Dans l'équation, le terme puit/source est positif dans la mesure ou le signe final dépendra de celui de l'expression de la vitesse de conversion du composé considéré :

  • Production (par exemple de nitrates dans un procédé à boues activées au cours de la nitrification) = signe +

  • Dégradation (par exemple traitement de la pollution carbonée des eaux usées) = signe -

MéthodeÉtablissement d'un bilan matière en régimes transitoire et permanent

L'établissement d'un bilan matière doit toujours suivre les étapes suivantes :

  1. Préparer un diagramme simplifié du système ou procédé considéré pour le bilan en faisant figurer l'ensemble des flux entrants et sortants,

  2. Définir les limites du système et du volume de contrôle. Cette étape est cruciale dans la mesure où il est souvent possible de simplifier les calculs si le choix est réalisé judicieusement,

  3. Lister l'ensemble des données disponibles et des hypothèses de travail et les reporter sur le diagramme,

  4. Lister l'ensemble des expressions des vitesses de conversion se déroulant dans le volume de contrôle,

  5. Exprimer le bilan matière et le résoudre (solution analytique, méthodes numériques, méthodes graphiques,...).

DéfinitionRégime transitoire vs. Régime permanent

En génie chimique, le régime transitoire est défini par la présence du terme d'accumulation dans le bilan matière. Le réacteur est « instable », les concentrations des différents composants du système varient avec le temps, cela peut être le cas par exemple lors du démarrage d'une installation ou plus généralement de variations temporelles des caractéristiques de l'alimentation (débits, concentrations), des constantes réactionnelles, des conditions opératoires, etc. En résolvant un bilan matière en régime transitoire, on va chercher à caractériser la dynamique d'un système. Cela est souvent appliqué lorsque l'on utilise la modélisation dite dynamique pour prédire les concentrations de sortie en fonction de variations des conditions opératoires.

Le régime permanent est quant à lui défini par l'annulation du terme d'accumulation. C'est le cas lorsque les conditions opératoires sont constantes, que le réacteur est régime « établi », dit stationnaire. Les valeurs des variables d'état du système (concentrations,...) sont alors constantes. On cherche alors à déterminer la concentration du composé à l'état permanent, sur le long terme. C'est l'approche qui est souvent utilisée lors du dimensionnement des installations.

Flux au sein d'un réacteur piston idéal

L'injection d'un traceur conservatif au sein d'un réacteur piston est réalisée après avoir prérempli ce dernier avec de l'eau claire. Dans le cas d'un réacteur idéal, le temps de séjour mesuré est alors égal au temps de passage (V/Q).

Si l'on réalise le bilan matière d'un traceur conservatif (injection sous forme d'échelon) sur un volume élémentaire dV défini sur la section transversale d'un réacteur piston, on obtient la relation suivante (hypothèse : la concentration C du traceur est uniforme sur la section) :

Soit :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}dV=QC|_x-QC|_{x+dx}

avec :

  • ∂C/∂t = variation de concentration du traceur (mol.m-3.s-1)

  • dV = volume élémentaire (m3)

  • t = temps (s)

  • Q = débit (m3.s-1)

  • x = abscisse quelle conque sur la longueur de réacteur L (m)

  • dx = longueur élémentaire (m)

Après un développement limité, on peut réécrire l'équation précédente comme suit :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}dV=QC-Q\left(C+\frac{\partial C}{\partial x}dx\right)

En posant A = aire de la section transversale dans la direction x (m2), on a : dV=Adx, ce qui permet d'écrire :

Équation en notation Latex : \frac{\partial C}{\partial t}=-\frac{Q}{A}\frac{\partial C}{\partial x}=-u_x\frac{\partial C}{\partial x}

avec :

  • ux = vitesse du fluide dans la direction x (m.s-1)

L'observation de cette équation de transport met en évidence que ses deux termes, hormis le signe, sont identiques : la seule solution admise implique dès lors une variation de la concentration sur la distance nulle. C'est à dire que la concentration en sortie est égale à la concentration en entrée avec seulement un « effet retard ».

Ainsi la réponse d'un réacteur piston idéal à une injection de traceur conservatif peut être représentée de la manière suivante :

Injection de traceur sous forme d'impulsion
Injection de traceur sous forme d'échelon

Hydrodynamique des réacteurs : introduction

La description des caractéristiques hydrodynamiques des réacteurs permet de déterminer la durée qu'un volume d'eau donné va séjourner dans le réacteur et son « âge » moyen. Un des critères de classement des réacteurs repose ainsi sur la nature de l'écoulement et le degré de mélange des réactifs et des produits au cours des réactions. La nature de l'écoulement peut avoir une grande influence sur le degré d'avancement et la conversion des réactifs : le couplage des caractéristiques hydrodynamiques et des cinétiques réactionnelles détermine les performances du procédé étudié.

Le classement repose sur la distinction entre deux types de réacteurs idéaux :

  • Réacteur parfaitement agité (RPA) : composition du mélange réactionnel constante en tout point du réacteur à un instant donné. Ce type de réacteur peut être fermé, semi-fermé ou ouvert.

  • Réacteur piston : réactifs et produits progressent en bloc en tranche parallèles successives sans échanger de matière entre elles. la composition est variable dans l'espace, le temps de séjour est unique pour toutes les molécules. Ce type de réacteur est forcément un réacteur ouvert.

Réacteur Piston

Dans la pratique, il y a quasiment toujours une déviation par rapport à ces conditions idéales. La non-idéalité du flux peut par exemple être liée à des « courts-circuits » ou des chemins préférentiels, une portion du flux entrant dans le réacteur en sortant plus tôt que la fraction restante : le temps de séjour de cette portion sera alors inférieur au temps requis pour la complétion des réactions chimiques ou biologiques. On aura également l'apparition de « zones mortes » dont la présence peut être préjudiciable au bon déroulement du procédé (par exemple, zones insuffisamment aérées pouvant conduire à des dysfonctionnements biologiques dans un procédé à boues activées).

Facteurs à l'origine de la non-idéalité du flux au sein des réacteurs

Les facteurs conduisant aux écoulements non-idéaux sont variés. On peut principalement citer :

  • Différences de température : quand l'eau pénétrant dans le réacteur est significativement plus froide ou plus chaude que l'eau déjà présente dans le système, une portion de l'eau peut se diriger directement vers la sortie du réacteur sans se mélanger complétement ;

  • Recirculations : par exemple, dans les réacteurs peu profonds (par exemple, lagunage naturel en traitement des eaux usées), les frottements de surface liés au vent peuvent conduire au transport rapide d'une portion de l'eau entrante vers la sortie ;

  • Mélange inadapté : sans un apport d'énergie suffisant, des zones mortes peuvent apparaître ;

  • Conception inadaptée : la position des entrées et sorties et la géométrie (rapports largeur/longueur/hauteur) du réacteur sont autant de facteurs pouvant conduire à des zones mortes ;

  • Dispersion axiale : au sein des réacteurs piston, le mouvement d'un composé est du à l'advection (transport du composé avec le liquide) et à la dispersion. Ce dernier terme est utilisé pour décrire le transport axial et longitudinal de matière du à la fois à des différences de vitesse, à la turbulence et à la diffusion moléculaire.

Non-idéalités au sein d'une zone humide artificielle

Les réacteurs réels sont donc caractérisés par un temps de séjour variable pour les molécules et une composition variable dans l'espace du mélange réactionnel : ils se situent entre les deux extrêmes que représentent le RPA et le réacteur piston. Les motifs élémentaires que constituent le RPA et le réacteur piston peuvent être associés en série ou en parallèle pour simuler le fonctionnement d'un réacteur réel.

Afin de caractériser l'écoulement dans le réacteur on effectue une opération de traçage en injectant en entrée une molécule détectable en sortie soit par injection-impulsion, soit par un échelon de concentration, soit de manière quelconque. La substance utilisée, appelé traceur, peut être un colorant, un sel ou toute substance de mêmes propriétés hydrodynamiques que le fluide, mais décelable par une propriété physique caractéristique telle que conductivité électrique, thermique, etc. On va alors dénombrer le molécules de traceur dans le courant de sortie en fonction du temps.

Ainsi, cette méthode dite de la Distribution des Temps de Séjour (DTS) permet d'obtenir des informations sur l'hydrodynamique dans les réacteurs et plus généralement dans les systèmes où se produisent des écoulements. Elle permet de simuler le fonctionnement et d'améliorer les procédés. Ce concept a été introduit par Danckwerts en 1953 afin de caractériser les écoulements. Cette méthode s'applique à toute portion d'espace traversée par des éléments mobiles qui y séjournent pendant des durées variables : appareils industriels, bassins fluviaux, organes d'un être vivant, autoroute la veille d'un week-end, etc.

Cette méthode permet de mettre en évidence des phénomènes hydrodynamiques de type : boucle de recirculation, court-circuit, volume mort, etc.

Danckwerts, 1953

Danckwerts, P.V., 1953. Continuous flow systems: Distribution of residence times. Chemical Engineering Science 2, 1–13. doi:10.1016/0009-2509(53)80001-1

Coefficient de dispersion

Définition

Ce coefficient noté Équation en notation Latex : D correspond à plusieurs phénomènes physiques :

  1. Diffusion moléculaire : ce mode de transfert de matière a lieu en présence d'un gradient de concentration. Il est lié à l'agitation thermique (coefficient de diffusion moléculaire dans la direction Dm (m2.s-1)) ;

  2. Diffusion turbulente : diffusion liée aux mouvements turbulents à l'échelle microscopique dans le cas, bien évidemment, d'un écoulement en régime turbulent (coefficient de diffusion turbulente noté DE (m2.s-1)) ;

  3. Dispersion cinématique : liée à l'advection, au champ de vitesse non-homogène dans la direction orthogonale à l'écoulement dans un réacteur piston modélisé en 1 dimension (coefficient de dispersion cinématique noté DC (m2.s-1)) ;

La dispersion désigne ici ces trois types de transferts dont la résultante macroscopique vérifie la loi de Fick (en 1D ici) :

avec :

  • j = flux de composé par unité de surface et par unité de temps (mol.m-2.s-1) ;

  • D = coefficient de dispersion dans la direction x (m2.s-1)

    Équation en notation Latex : D=D_m+D_E+D_C

  • C = concentration du composé (mol.m-3) ;

  • x = distance (m) ;

Alors que la diffusion moléculaire est à relier aux propriétés respectives du composé chimique considéré et du fluide vecteur, la diffusion turbulente et la dispersion dépendent avant tout du régime d'écoulement.

Réacteur piston avec dispersion axiale

L'établissement d'un bilan matière sur un réacteur piston, en prenant en compte le terme de dispersion, donne :

avec :

  • C = concentration du composé (mol.m-3) ;

  • D = coefficient de dispersion axiale (m2.s-1) ;

  • x = distance (m) ;

  • t = temps (s) ;

  • ux = vitesse dans la direction x (m.s-1).

Il est à noter que ce modèle de dispersion axiale, comme tout modèle basé sur une équation aux dérivées partielles, est sensible aux conditions aux limites du système. La solution de cette équation, dans le cas d'un système caractérisé par une faible dispersion par exemple, est donnée par Levenspiel en 1972 :

Équation en notation Latex : C_{\theta}=\frac{1}{2 \sqrt{\pi \frac{D}{uL}}}exp \left[-\frac{(1-\theta)^2}{4\frac{D}{uL}}\right]

avec :

  • Cθ= concentration en traceur normalisée (C/C0, sans unité) ;

  • θ = temps normalisé Équation en notation Latex : t/\bar{t} (sans unité) ;

  • t = temps (s) ;

  • Équation en notation Latex : \bar{t} = temps de séjour moyen (s) ;

  • D = coefficient de dispersion axiale (m2.s-1) ;

  • U = vitesse du fluide (m.s-1) ;

  • L = longueur caractéristique (m).

La solution donnée par cette équation est valide dans l'hypothèse où la dispersion est suffisamment faible pour être absente en dehors des limites du système. Néanmoins, elle peut être utilisée pour approximer (avec précaution !!!) les performances hydrodynamiques d'un système ouvert ou fermé quelles que soient les conditions aux limites.

Cette équation présente la particularité d'avoir la même forme qu'une loi normale de distribution de probabilités. Ainsi, de manière analogue à une loi normale, on peut définir la moyenne et la variance comme suit :

Équation en notation Latex : \bar{t}=\tau \\ \bar{\theta}=\frac{\bar{t}}{\tau}=1 \\ \sigma^2_{\theta}=\frac{\sigma^2}{\bar{t}^2}=2\frac{D}{uL}

avec :

Les expressions correspondantes au cas avec dispersion forte existent en fonction du caractère ouvert ou fermé à la dispersion du système étudié :

DéfinitionNombre de dispersion et nombre de Péclet

On voit apparaître dans cette équation un nombre adimensionnel noté d caractérisant le ratio entre le transport par dispersion et le transport par advection :

Équation en notation Latex : d=\frac{D}{uL}

Dans la littérature concernant le génie chimique, il est souvent fait référence au nombre adimensionnel de Peclet noté Pe. Celui-ci correspond à l'inverse de d soit :

Équation en notation Latex : Pe=\frac{1}{d}=\frac{uL}{D}

Le nombre de Péclet correspond au ratio entre le transport réalisé par advection et le transport réalisé par dispersion.

Complément

Pratiquement, on peut définir les intervalles suivants de d et Pe pour caractériser la dispersion axiale au sein des réacteurs utilisés en traitement des eaux :

Valeurs typiques des nombres de dispersion et de Péclet
Temps de séjour hydraulique

Le temps de séjour hydraulique (TSH), également appelé temps de passage ou temps de contact, est défini comme le rapport du volume du réacteur sur le débit.

MES

Matières En Suspension

Colloïdes

Particules de très petites tailles, chargées négativement, dont les forces de répulsion mutuelle tendent à empêcher leur décantation naturelle.

Floculation

Phénomène d'interaction entre les particules qui se lient de manière plus ou moins étroite en agglomérats ou flocons. La floculation est fonction de la probabilité de rencontre entre les particules. A un instant donné la diminution relative du nombre de particules libres est proportionnelle au carré de leur concentration et le nombre de particules libres décroît exponentiellement avec le temps

Décantation discrète

Définition

La décantation discrète correspond à de faibles concentrations en particules. Le comportement de la suspension est alors gouverné par les propriétés individuelles de chaque particule. Il n'y a pas d'interactions entre particules.

Complément

Ce régime est observé notamment au sein des dessableurs et des décanteurs primaires utilisés en traitement des eaux usées.

La vitesse de chute de particules dans un fluide est considérée comme équivalente à celle d'une particule isolée tant que la distance moyenne entre particules est supérieure à 10 fois leur diamètre (concentration en MES inférieure à 1 g/L en général) et ne dépend que des propriétés du fluide et des caractéristiques des particules.

Le déplacement d'une particule est décrite par la force appliquée F proportionnelle à la masse m et à son accélération Équation en notation Latex : \gamma égale à la résultante de son poids F1 diminuée de la poussée d'Archimède F2 et de la force de frottement F3 (principe fondamental de la dynamique) :

Équation en notation Latex : F=m\gamma=F1-F2-F3

Avec

  1. Poids F1 : Équation en notation Latex : F1=\rho_s.V.g :

    • ρs : masse volumique du solide

    • V : volume de la particule

    • g : accélération pesanteur (9,81 m/s2)

  2. Poussée d'Archimède F2 : Archimède : Équation en notation Latex : F1=\rho_l.V.g

    • ρl : masse volumique du liquide

  3. Force de résistance opposée par le fluide, fonction de la taille, de la forme, de la rugosité de la particule et de la viscosité du liquide : Équation en notation Latex : F3=\frac{1}{2}C_F.A.\rho_l.v_p^2 :

    • A : surface de projection des particules sur un plan perpendiculaire au déplacement

    • CF : coefficient de frottement (trainée) dépendant du régime hydrodynamique

    • vP la vitesse de la particule.

Soit pour une particule sphérique, la force P due au champ d'accélération :

Équation en notation Latex : P=\frac{\pi.d^3}{6}(\rho_S-\rho_l)g

L'expression de F devient alors :

Équation en notation Latex : F=m\gamma=m\frac{dv}{dt}=\frac{\pi.d^3}{6}(\rho_S-\rho_l)g-C_F.\frac{\pi.d^2}{8}.\rho_l.v_p^2

A vitesse constante, la résultante s'annule et l'expression devient :

Équation en notation Latex : v_p=\sqrt{\frac{4.g.(\rho_S-\rho_l).d}{3.C_F.\rho_l}}

Le coefficient de trainé CF est fonction du régime hydrodynamique, caractérisé par le nombre de REYNOLDS Re de la particule dans le milieu fluide considéré :

avec :

  • µ : viscosité dynamique du fluide (Pa.s)

  • Équation en notation Latex : \nu : viscosité cinématique du fluide.

• Si Re <10-4 : domaine dans lequel le mouvement des particules est influencé par le mouvement brownien; la loi de vitesse n'est pas applicable ;

• Si 10-4 <Re<1 : domaine du régime laminaire, CF = 24/Re. La vitesse limite de chute vp est donnée par la formule de STOCKES:

  • Si 1<Re<103, le régime est de transition, CF est complexe et varie de façon continue. Le diamètre des particules est en général compris entre 10-4 m et 10-3 m. La valeur du coefficient de frottement est donnée par la formule de ALLEN :

  • Si 103<Re<2.105, le régime est turbulent, CF est indépendant du nombre de Reynolds et est égal à 0,4 d'où la loi de NEWTON :

La vitesse de chute est proportionnelle à la racine carrée du diamètre. Les particules ont en général un diamètre > 1mm

  • Si Re >2x105 : la loi de vitesse n'est plus applicable ;

Stabilité des suspensions colloïdales

Les suspensions colloïdales sont composées de micro-particules englobant un important volume d'eau liée et caractérisées par une masse volumique réduite.

Leur très grande stabilité dans l'eau est le résultat d'une solvatation ou d'une action protectrice due à certains corps adsorbés, ainsi que de la présence à leur surface d'une charge électrique qui a une action répulsive prépondérante par création de forces répulsives interparticulaires (ces charges sont toujours négatives pour les eaux naturelles, en majorité négatives pour les eaux usées).

Cette charge superficielle des particules colloïdales, qui peut être mise en évidence au microscope par déplacement sous l'action d'un champ électrique, est caractérisée par un potentiel, appelé potentiel Zêta (pZ), qui représente la différence de potentiel entre la surface des microparticules et la masse du liquide solvant.

On modélise les charges de surface de ces micro-particules selon le modèle de la double-couche de Stern. Les charges négatives de surface attirent des "contre-ions" positifs de manière plus ou moins importante en fonction de l'éloignement de la particule. On a ainsi une répartition en deux couches :

  • 1 couche liée (dite de Stern ou de Helmholtz) : fixe

  • 1 couche diffuse (dite de Gouy-Chapman) : déformable et mobile

Ces charges occasionnent une différence de potentiel :

  • Potentiel thermodynamique total entre la surface de la particule et le milieu ambiant : Nernst

  • Potentiel « pratique » mesurable à la surface de la couche liée : potentiel Zeta ζ (pZ)

Le potentiel Zeta est fonction du potentiel de Nernst et de l'épaisseur de la double-couche.

Illustration potentiel zêta
Potentiel zeta

Le potentiel zêta représente la charge électrique qu'une particule acquiert grâce aux ions qui l'entourent quand elle est en solution. Dans le cadre de la coagulation, le potentiel zêta traduit l'intensité des forces de répulsion entre les particules colloïdales qui empêche leur agglomération.

TAC
Titre Alcalimétrique Complet
Legube, 2015

LEGUBE Bernard (2015) Production d'eau potable - Filières et procédés de traitement, Dunod, 432 pages.

Flux au sein d'un réacteur Parfaitement Agité

Considérons l'injection d'un composé non réactif (on parle de traceur conservatif) sous forme d'une impulsion (« pulse ») à l'entrée d'un RPA alimenté de manière constante en eau claire. On prend pour hypothèse que le traceur se mélange instantanément donc la concentration au sein du réacteur est égale à celle de sortie. Écrivons le bilan matière correspondant :

Le traceur est conservatif, le terme puit/source est nul. On peut donc écrire :

Équation en notation Latex : V\frac{dC}{dt}=QC_{in}-QC

avec :

  • Cin = concentration du traceur injectée en entrée (mol.m-3)

  • C = concentration du traceur mesurée dans le réacteur ou en sortie (mol.m-3)

  • V = volume de contrôle (m3)

  • t = temps (s)

L'injection du traceur est sous forme d'impulsion, on peut prendre comme hypothèse durant les mesures suivant l'injection Cin≈0 mol.m-3. La réécriture du bilan donne alors :

Équation en notation Latex : \frac{dC}{dt}=-\frac{Q}{V}C

L'intégrale entre les limites de C = C0 (concentration initiale, immédiatement après l'injection = masse de traceur injectée/volume) à C = C et t de t = 0 à t = t s'écrit :

Équation en notation Latex : \int_{C_0}^C \frac{dC}{C}=-\frac{Q}{V} \int_0^t \, \mathrm dt

L'expression résultante après intégration est :

Équation en notation Latex : C=C_0e^{-\frac{Q}{V}t}

On voit apparaître les paramètres suivants :

  1. Le temps de séjour hydraulique (TSH) Équation en notation Latex : \tau=V/Q (s) ;

  2. Le temps de séjour adimensionnel Équation en notation Latex : \theta=t/\bar{t} avec Équation en notation Latex : \bar{t} = temps de séjour moyen ;

On peut donc réécrire l'équation précédente :

Équation en notation Latex : C=C_0e^{-t/\tau}=C_0e^{-\theta}

Remarque

Dans un RPA idéal, Équation en notation Latex : \bar{t}=\tau.

Complément

Lors d'une injection sous forme d'échelon, l'équation correspondante est :

Équation en notation Latex : C=C_0\left(1-e^{-t/\tau}\right)

La courbe de traçage théorique d'un RPA peut donc être représentée comme suit :

Réponse d'un réacteur parfaitement agité à une injection de traceur

Gradient de vitesse

Définition

Le gradient de vitesse est un paramètre hydrodynamique déterminant pour l’efficacité des opérations de coagulation et floculation. II est défini comme la fifférence de vitesse entre deux veines fluides adjacentes dans un plan orthogonal à leur déplacement

Il a été défini primitivement en régime laminaire puis généralisé. Pour un réacteur mélangé, son expression est la suivante :

Équation en notation Latex : G=\sqrt{\frac{W}{\mu}}

Équation en notation Latex : W=\frac{P_d}{V}

Équation en notation Latex : P_d=0,5.C_D.A.\rho.n^3

avec :

  • W : énergie moyenne dissipée par unité de volume (kg/m/s3)

  • Mu = viscosité dynamique (kg/m/s)

  • G : gradient de vitesse (s-1)

  • Pd : puissance dissipée (kg.m2/s3)

  • V = volume du réacteur (m3)

  • CD : coefficient de traînée (dépend de la forme de la pâle par exemple 1,8 pour des pâles plates)

  • A : surface pâle (m2)

  • ρ : masse volumique (kg/m3) : attention : 1 peu plus de 1 (1,011) pour eau floculée

  • n : vitesse relative de la pâle par rapport au liquide (m/s)

COD
Carbone Organique Dissous
DCO
Demande Chimique en Oxygène

Qu'est-ce que le génie des procédés ?

DéfinitionGénie (engineering)
  • du latin "ingeniare" : intelligence, habileté et ruse dans l'art d'imaginer des engins de guerre pour tromper l'ennemi,

  • acte de création industrielle : conception, réalisation ou utilisation d'un appareil pour y fabriquer des produits.

DéfinitionProcédé (process)
  • du latin "procedere" (aller de l'avant),

  • méthode à suivre pour obtenir un produit, c'est-à-dire transposer un mode opératoire de laboratoire en termes industriels.

DéfinitionGénie des procédés
  • science pour l'ingénieur

  • étudie la conception, le dimensionnement, l'optimisation et le fonctionnement des procédés de transformation (physique, chimique, biologique) des matières premières en produits industriels.

  • 2 parties :

    • génie de la réaction

    • génie de la séparation

  • Respect des contraintes économiques, techniques, environnementales et de sécurité.

DéfinitionOpération unitaire
  • Production = suite coordonnée d'opérations fondamentales distinctes et indépendantes du procédé lui-même, appelées « opérations unitaires ».

  • Procédé = combinaison d'un nombre restreint d'opérations unitaires.

  • Conception d‘une filière de traitement = choix et l'arrangement des opérations unitaires

CAG
Charbon actif en grains

Principe de l'adsorption

Définition

Le transfert d'un composé soluble depuis la phase liquide vers une interface solide est appelé adsorption. La substance qui est transférée est appelée adsorbat tandis que le solide sur lequel l'adsorbat vient se fixer est appelé adsorbant.

Le phénomène d'adsorption est lié à différents mécanismes d'interactions entre la surface de l'adsorbant et l'adsorbat. Ces mécanismes sont soit de nature physique (forces de Van der Waals, etc.) ou chimiques (formation de liaisons covalentes, complexation de surface, etc.).

Dans le domaine du traitement des eaux, il est souvent difficile de distinguer la chimisorption de la physisorption. Aussi, le simple terme de sorption est souvent utilisé pour désigner la rétention d'un composé soluble sur une surface.

Le processus d'adsorption se décompose en quatre étapes :

  1. Transport de l'adsorbat au sein du liquide (par advection et diffusion) ;

  2. Transfert de molécules vers la phase externe de la particule d'adsorbant ;

  3. Diffusion de l'adsorbat au sein des macropores de l'adsorbant vers les sites d'adsorption situé dans les micropores sous l'effet du gradient de concentration ;

  4. Adsorption proprement dite.

Principe de l'adsorption d'une molécule sur un solide (ex : charbon actif)

C'est la deuxième étape qui est déterminante dans les vitesses d'adsorption. L'adsorption dans les macropores est rapide et celle dans les micropores lente.

Types de procédés biologiques utilisés en traitement des eaux

Panorama des différents procédés biologiques - En vert : filières extensives ; en bleu : filières intensives
TE10
Taille effective
CU
Coefficient d'uniformité

Transfert de matière aux interfaces : principes fondamentaux

L'abattement de la pollution contenue dans des effluents peut être réalisée via :

  • des réactions chimiques ou biochimiques : oxydation, biodégradation, etc.

  • la séparation de phases : décantation, filtration, etc.

  • le transfert aux interfaces.

Dans le dernier cas, l'objectif opérationnel est de réduire la concentration d'un constituant dans une phase donnée et, dans le même temps, de l'augmenter dans une autre.

Au sein de ce type de procédés, la force motrice consiste en un gradient de pression ou de concentration : le transfert en question prendra fin lorsque le système aura atteint un état d'équilibre (gradient de concentration ou de pression nul).

Les principales opérations du traitement des eaux impliquant le transfert de matière sont :

  • Le transfert de matière entre un gaz et un liquide : aération, stripping ;

  • Le transfert de matière entre un liquide et un solide : adsorption sur charbon actif, échange d'ions ;

  • Le transfert de matière entre un liquide et un gaz : séchage de boues ;

Fondamentalement, le transfert de masse est représenté par la 1ère loi de Fick :

  • j = flux de composé par unité de surface et par unité de temps (mol.m-2.s-1) ;

  • D = coefficient de diffusion dans la direction x (m2.s-1) ;

  • C = concentration du composé à transférer (mol.m-3) ;

  • x = distance (m).

En fonction du régime d'écoulement, le coefficient de diffusion moléculaire peut être remplacé dans cette expression par le coefficient de diffusion turbulente ou le coefficient de dispersion.

Théorie de la filtration

FondamentalLoi de Darcy

Lorsqu'un fluide newtonien, de viscosité µ, s'écoule à travers un massif filtrant d'épaisseur H et de section S, il subit une perte de charge ΔP par frottements sur les particules du milieu poreux. La loi de Darcy s'exprime alors ainsi :

Équation en notation Latex : \frac{Q}{S}=\frac{B}{\mu}.\frac{\Delta P}{H}

avec :

  • B = perméabilité du milieu poreux (m2)

  • Q/S = U = vitesse "en fût vide" (m.s-1)

  • ΔP = perte de charge (Pa)

  • µ = viscosité dynamique du fluide (Pa.s)

Cette relation ne se vérifie qu'en régime laminaire et donc en fonction du nombre de Reynolds de la particule.

DéfinitionCritère de Reynolds

Le nombre de Reynolds de la particule se définit comme suit avec d, la diamètre de la particule, vp la vitesse de passage du fluide, ρl la masse volumique du fluide et µ la viscosité dynamique du fluide.

FondamentalÉquation d'Ergun et terme de Kozeny-Karman

En formulant un certain nombre d'hypothèses sur la constitution du milieu poreux (caractéristiques de l'empilement), la relation suivante peut être démontrée :

Équation en notation Latex : \frac{\Delta P}{H}=h_k.\mu.a_g^2.\frac{(1-\epsilon)^2}{\epsilon^3}.u+h_b.\rho.a_g.\frac{1-\epsilon}{\epsilon^3}.u^2

Dans cette équation, on distingue :

  • le terme de Kozeny-Karman correspondant à la dégradation d'énergie par frottements visqueux : Équation en notation Latex : h_k.\mu.a_g^2.\frac{(1-\epsilon)^2}{\epsilon^3}.u

  • le terme de Burke-Plummer correspond à la contribution de la turbulence : Équation en notation Latex : h_b.\rho.a_g.\frac{1-\epsilon}{\epsilon^3}.u^2

En régime laminaire, le terme de Kozeny-Karman est prépondérant et vice-versa en régime turbulent.

Avec :

  • u : vitesse (m.s-1)

  • ΔP : perte de charge (Pa)

  • H : hauteur de couche considérée (m)

  • hk : constante de Kozeny (environ 4 à 5)

  • hb : constante de Burke (environ 0,29)

  • µ : viscosité dynamique du fluide (kg.m-1.s-1)

  • ρ= masse volumique du fluide (kg.m-3)

  • ε= porosité du média filtrant

  • ag : surface spécifique des grains (m2.m-3)

Mécanismes de la coagulation-floculation

Déstabilisation d'une suspension colloïdale

Pour permettre la séparation d'une suspension colloïdale dans des conditions de vitesse satisfaisantes, il est nécessaire de rassembler les colloïdes pour constituer des particules nettement plus importantes.

Il faut donc transformer la suspension par des moyens artificiels. Cette transformation est la résultante de deux actions différentes :

  • une déstabilisation s'effectuant le plus souvent par addition de réactifs chimiques qui, par des mécanismes d'agrégation ou d'adsorption, annulent les forces répulsives ou agissent sur l'hydrophilie des particules colloïdales ;

  • une agglomération des colloïdes "déchargés" : elle résulte de diverses forces d'attraction entre particules mises en contact, d'abord par mouvement brownien jusqu'à l'obtention d'une grosseur de 0,1 micron environ, puis par agitation mécanique extérieure amenant les flocons à une taille suffisante.

Il est d'usage chez les traiteurs d'eau de réserver le terme "coagulation" au phénomène de déstabilisation et celui de "floculation" à l'agglomération des colloïdes déchargés. Les réactifs correspondants sont appelés respectivement coagulants et floculants.

Coagulation
Produits utilisés

L'action coagulante d'un élément chimique est fonction de la valence de l'ion qui porte une charge opposée à celle des particules en suspension. La coagulation est d'autant plus efficace que la valence de l'ion considéré est plus élevée.

C'est ainsi que les sels de fer et d'aluminium trivalents sont très employés. Cependant, par suite de l'hydrolyse qu'ils produisent, ils modifient les caractéristiques physico-chimiques de l'eau traitée (pH, conductivité).

Ce sont principalement le sulfate d'aluminium, Al2(SO4)3, et le chlorure ferrique (FeCl3). Sont aussi utilisés le sulfate ferreux et le sulfate ferrique, ainsi que des polymères d'aluminium (n'affectant que peu le pH de l'eau traitée).

L'action coagulante de ces sels résulte de l'hydrolyse qui suit leur dissolution, laquelle ne conduit pas immédiatement à la formation de l'hydroxyde correspondant (exemple : Fe(OH)3, Al(OH)3). Les composés intermédiaires (par exemple, les complexes hydroxo-alumineux pour l'aluminium) apportent les charges nécessaires à la neutralisation des colloïdes et seraient susceptibles, selon certains auteurs, de se polymériser et de créer ainsi des ponts entre les colloïdes, amorçant le processus de floculation.

Le pH joue un rôle très important dans l'étude des phénomènes de coagulation-floculation et en général il est préférable de se trouver à un pH situé dans la zone correspondant au minimum de solubilité des ions métalliques du coagulant utilisé.

Pour les sels d'aluminium, c'est à un pH compris entre 6 et 7,4 que le minimum d'ions Al3+ reste en solution : en-dehors de cette zone, et suivant la minéralisation de l'eau, on risque de retrouver une proportion plus ou moins forte d'aluminium en solution.

Dans certains cas exceptionnels, l'eau à traiter contient une grande quantité de matières riches en composés aluminiques ; un simple accroissement du pH provoque la coagulation de ces composés.

La zone de pH est beaucoup plus étendue pour les sels de fer ; le minimum de solubilité est atteint dès que le pH est supérieur à 5.

Le pH sera ajusté à l'aide de chaux, de soude ou de carbonate de sodium.

Processus_CoagFloc
FondamentalRéaction mise en œuvre

L'ajout du coagulant occasionne la formation d'hydroxydes métalliques qui vont rapidement précipiter avec la consommation d'alcalinité en parallèle (diminution du TAC et du pH). Par exemple, avec le chlorure ferrique, la réaction s'écrit :

Équation en notation Latex : Fe^{3+} + 6H_2O \rightarrow Fe(OH)_{3(s)} + 3 H_3O^+

La réaction précédente libère donc de l'acidité qui pourra être neutralisée par l'alcalinité présente dans l'eau à traiter. Ainsi, 1 degré français de chlorure ferrique consomme 1 degré français de TAC ! Si cette neutralisation "naturelle" est insuffisante pour arriver à un pH optimal , il sera nécessaire d'ajouter selon les cas soit une base forte (chaux ou soude) ou un acide (acide sulfurique ou CO2).

Les mécanismes de coagulation des colloïdes seront alors de deux ordres selon le pH :

  • pH proche de la neutralité : piégeage dans le précipité (le potentiel zeta reste négatif) ;

  • pH légèrement acide (5 à 6) : neutralisation de la charge primaire des colloïdes (potentiel zeta nul dans les conditions optimales).

Floculation

La floculation est l'opération permettant l'agglomération des particules déstabilisées par coagulation (Legube, 2015). La vitesse d'agglomération des particules sous agitation lente dépend principalement :

  • de l'efficacité de la coagulation précédente ;

  • de la concentration en particules ;

  • du gradient de vitesse (G) du mélangeur.

De plus en plus souvent, des polymères sont ajoutés au niveau de l'étape de floculation. On appelle ces réactifs des "floculants" bien qu'ils essentiellement une action de coagulation. Les mécanismes induits sont la neutralisation de la charge primaire et/ou l'adsorption suivie d'une floculation par pontage inter-particulaire des particules coagulées.

Parmi les floculants employés en complément des coagulants, on distingue :

  • les floculants d'origine minérale naturelle (silice activée)

  • les floculants d'origine organique naturelle (amidon, alginates)

  • les floculants de synthèse (polymères de masse molaire élevée, appelés polyélectrolytes).

Les floculants
La silice activée

Elle est constituée d'une solution d'acide polysilicique, (H2,SiO3)4, provenant de la polymérisation contrôlée de l'acide silicique. Elle est peu stable mais reste très employée dans la production d'eau potable.

Les polymères organiques

Ce sont des macromolécules à longue chaîne, d'origine naturelle (amidon, alginates) ou obtenus par association de monomères synthétiques, certains possédant des charges électriques ou des groupements ionisables.

Les polymères naturels ont une efficacité relativement faible, à l'encontre des polymères synthétiques qui ont des performances remarquables.

Selon le caractère ionique de leur groupement actif, les polymères synthétiques, aussi appelés polyélectrolytes, sont classés en :

  • polyélectrolytes non ioniques : principalement des polyacrylamides de masse molaire comprise entre 1 et 30 millions de grammes ;

  • polyélectrolytes anioniques : de masse molaire de quelques millions de grammes, ils sont caractérisés par la coexistence de groupements permettant l'adsorption et de groupements ionisés négativement (groupements carboxyliques ou sulfuriques), dont le rôle est de provoquer l'extension du polymère. Le plus connu est un polyacrylamide partiellement hydrolysé par la soude ;

  • polyélectrolytes cationiques : ils portent sur leurs chaînes une charge électrique positive, due à la présence de groupements amine, imine ou ammonium IV. Certains d'entre eux, de masse molaire relativement faible, et très chargés en charges positives, sont susceptibles de neutraliser les charges négatives des colloïdes et d'annuler leur potentiel Zêta, agissant ainsi comme un coagulant.

L'emploi de floculant permet, le plus souvent, d'une part de limiter l'emploi de coagulant, d'autre part de parfaire le traitement de coagulation-floculation.

Caractéristiques du milieu poreux

Granulométrie

Elle se caractérise par une courbe représentant le pourcentage massique des grains passant au travers de mailles d'une succession de tamis normalisés. Elle permet notamment de déterminer la taille effective et le coefficient d'uniformité.

DéfinitionTaille effective

La TE10 correspond à la maille laissant passer 10% des grains et donc en retenant 90% : ces 90% en masse ont donc une taille supérieure à la taille effective.

DéfinitionCoefficient d'uniformité

Le CU est égal au rapport des tailles correspondant aux pourcentages 60 et 10 de la courbe granulométrique et détermine l'homogénéité de la taille des grains.

Remarque

Le risque de colmatage du filtre augmente en présence de particules fines. Au moment du lavage, ces fines vont se placer entre les éléments les plus gros, colmatant ainsi les espaces disponibles pour la circulation de l'eau. La  TE10 ne doit donc être ni trop faible (risque accru du colmatage) ni trop grande sinon l'eau est mal filtrée.

Attention

Taille effective et coefficient d'uniformité optimum dépendent de l'application envisagée !

DéfinitionPorosité

La porosité, notée ε, est égale au rapport entre le volume de vide et le volume total (vide + sable). Elle définit la section de passage des particules au travers du matériau.

Équation en notation Latex : \epsilon=\frac{V_v}{V_t}

avec :

  • Vv = volume de vide

  • Vt = volume total

DéfinitionMasse volumique apparente et réelle

La masse volumique apparente est celle du matériau non tassé. La densité réelle est celle du matériau tassé. On peut alors écrire :

Équation en notation Latex : \epsilon=1-\frac{\rho_a}{\rho_v}

avec :

  • ρa = masse volumique apparente

  • ρv = masse volumique réelle

Lagergren (1898)

Lagergren, S., 1898. Zur Theorie der sogenannten Adsorption gelöster Stoffe. K. Sven. Vetenskapsakademiens Handl. 24(4), p.1–39.

Ho et McKay (1998)

Ho, Y.S., McKay, G., 1998. Sorption of dye from aqueous solution by peat. Chemical Engineering Journal, 70, p.115–124.

Isotherme de Langmuir

Le modèle de Langmuir est un modèle mécaniste. Il est fondé sur des hypothèses réactionnelles entre le soluté (adsorbat) et l'adsorbant :

  1. Le solide présente une capacité maximale d'adsorption Qmax , le nombre de sites d'adsorption est fini ;

  2. Tous les sites d'adsorption à la surface du solide sont identiques ;

  3. Chaque site d'adsorption retient une seule molécule d'un composé donné ;

  4. Tous les sites sont énergétiquement et stériquement indépendants de la quantité de composé adsorbé ;

  5. L'adsorption est un phénomène réversible.

La réaction suivante est alors considérée à la surface de l'adsorbant :

Équation en notation Latex : S+A \rightarrow SA

avec :

  • S = site d'adsorption libre

  • A = adsorbat

  • SA = complexe de surface site-adsorbat

La loi d'action de masse appliquée à cet équilibre (en considérant les coefficients d'activité égaux à 1) amène alors l'équation suivante :

Équation en notation Latex : Q_e=\frac{Q_{max} K_l C_e}{1+K_l C_e }

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • Qmax = capacité maximale d'adsorption (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Kl = constante d'affinité (m3.g-1) ;

L'isotherme atteint un plateau défini par la capacité maximale d'adsorption Qmax. La correspondance de points expérimentaux avec l'équation de Langmuir ne signifie pas nécessairement que les hypothèses définies ci-dessus sont valides pour le système étudié.

Isotherme de Langmuir
Méthode

Les constantes de Langmuir peuvent être déterminées de manière aisée via une linéarisation de l'équation (déconseillé) ou préférentiellement par ajustement par régression non-linéaire avec minimisation d'une fonction d'erreur (utilisation du solveur de Microsoft Excel par exemple).

Langmuir (1916)

Langmuir, I., 1916. THE CONSTITUTION AND FUNDAMENTAL PROPERTIES OF SOLIDS AND LIQUIDS. PART I. SOLIDS. Journal of the American Chemical Society 38, 2221–2295. doi:10.1021/ja02268a002

Isotherme de Freundlich

Ce modèle est un modèle empirique développé par Freundlich. Il est fondé sur la relation suivante entre Ce et Qe :

Équation en notation Latex : Q_e=K_f C_e^{1/n}

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • Kf = facteur de capacité de Freundlich (g.g-1 ou g.mol-1) ;

  • 1/n = facteur d'intensité de Freundlich (sans unité).

Dans cette équation, l'isotherme ne présente pas de plateau lorsque Ce augmente.

Isotherme de Freundlich
Freundlich (1909)

Freundlich, H., 1909. Kapillarchemie: eine Darstellung der Chemie der Kolloide und verwandter Gebiete. Akademische verlagsgesellschaft m. b. h.

Dosage du bleu de méthylène

MéthodeEtalonnage

Le dosage s'effectue au spectrophotomètre à une longueur d'onde de 660 nm. Le principe fondamental est la loi de Beer-Lambert.

Pensez à faire le zéro du spectrophotomètre à l'eau déminéralisée.

Vous déterminerez la relation concentration = f(absorbance) en mesurant l'absorbance pour des concentrations connues en bleu de méthylène.

Dans une fiole jaugée de 50 mL, ajouter 2 mL de la solution à 1 g/L que vous avez à disposition et compléter à l'eau distillée. On appellera cette solution E1.

Le tableau ci-dessous vous donne les indications pour préparer les solutions étalons dans des fioles jaugées de 50 mL.

Volume solution E1 (mL)

0

1

2

3

4

5

Volume d'eau distillée (compléter au trait de jauge)

50

49

48

47

46

45

Concentration en bleu de méthylène (mg/L)

Absorbance

Vous tracerez la droite concentration=f(absorbance) dont la pente vous permettra de calculer les concentrations de vos échantillons.

Attention

Pour la mesure de vos échantillons, si l'absorbance dépasse le domaine de linéarité et/ou votre gamme d'étalonnage, refaire la mesure en diluant l'échantillon ! ! !

Définition de la quantité d'adsorbat éliminé

Définition

Pour chaque erlenmeyer, la quantité de la molécule ciblée adsorbée sur le matériau adsorbant est définie par :

Équation en notation Latex : q=\frac{(C_0-C)V}{m}

avec :

  • q = concentration d'adsorbat en phase solide (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • C0 = concentration initiale d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • C = concentration d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • V = volume de liquide dans le réacteur (m3) ;

  • m = masse d'adsorbant dans le réacteur (g) ;

L'isotherme d'adsorption

Définition

La quantité de matière adsorbée sur l'adsorbant en fonction de la concentration de l'adsorbat en solution est déterminée à l'équilibre (temps de contact minimum défini par la cinétique) et à température constante, au sein d'une série de réacteurs en batch contenant différentes concentrations initiales en adsorbat. A l'équilibre, on définit la quantité de matière adsorbée comme suit :

Équation en notation Latex : q_e=\frac{(C_0-C_e)V}{m}

avec :

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • C0 = concentration initiale d'adsorbat en phase liquide (mol ou g.m-3) ;

  • Ce = concentration d'adsorbat en phase liquide à l'équilibre (mol ou g.m-3) ;

  • V = volume de liquide dans le réacteur (m3) ;

  • m = masse d'adsorbant dans le réacteur (g) ;

La fonction qe = f(Ce) est appelée isotherme d'adsorption. Différents modèles existent dans la littérature pour décrire les isothermes d'adsorption : les plus courants sont les modèles de Langmuir et Freundlich.

La cinétique d'adsorption

Définition

Il s'agit de caractériser la quantité d'adsorbat retenu sur l'adsorbant en fonction du temps. La cinétique d'adsorption est donc définie par la fonction q = f(t) avec q = quantité d'adsorbat retenue (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant). On peut alors déterminer le temps de contact requis pour atteindre l'équilibre d'adsorption (q = f(t) = constante).

Caractérisation des cinétiques d'adsorption

Plusieurs équations sont en mesure de décrire les vitesses d'adsorption. On peut notamment citer les cinétiques de pseudo-premier ordre et pseudo-second ordre établies respectivement par Lagergren et Ho et McKay (1998):

Équation en notation Latex : \frac{dq}{dt}=k_1 (q_e-q)

Équation en notation Latex : \frac{dq}{dt}=k_2(q_e-q)^2

avec :

  • q = concentration d'adsorbat en phase solide au temps t (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • qe = concentration d'adsorbat en phase solide à l'équilibre (mol ou g d'adsorbat par g d'adsorbant) ;

  • k1 = constante cinétique de pseudo-premier ordre (min-1) ;

  • k2 = constante cinétique de pseudo-second ordre (g adsorbant/(g adsorbat.min)) ;

Liste des raccourcis clavier

Liste des fonctions de navigation et leurs raccourcis clavier correspondant :

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